La pilule gratuite pour les mineures ?

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Sophie Amsili avec agences , modifié à
3' CHRONO - Le gouvernement va proposer une contraception gratuite et anonyme des 15-18 ans.

Comme François Hollande l'annonçait dans son programme, la pilule pourrait bientôt être remboursée à 100% pour les jeunes femmes de 15 à 18 ans. La ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé qu'elle présentera au Parlement un amendement en ce sens dans le cadre du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2013.

Quelle est la situation aujourd'hui ? Les mineures peuvent recourir à une contraception d'urgence et à l'IVG de manière gratuite et anonyme. Mais pour obtenir une contraception régulière dans les mêmes conditions, elles doivent se rendre dans un des centres du Planning Familial. Mais "ces centres sont trop peu nombreux et leur accès compliqué", souligne Martine Hatchuel, présidente de l'Association nationale des centres d'IVG et de contraception (Ancic).

Une mineure peut également se rendre chez le médecin pour obtenir une prescription de pilule. Mais pour obtenir un remboursement de la Sécurité sociale, elle devra donner son identité et risquer de voir apparaître l'achat de la pilule sur le relevé des parents. Dernière solution : un "Pass' contraception" existe dans huit régions. Selon les cas, il permet aux lycéennes ou à toute femme qui en fait la demande d'obtenir un contraceptif gratuit et son renouvellement. Le gouvernement a d'ailleurs demandé un bilan du dispositif début octobre.

Les réactions : L'annonce de Marisol Touraine mardi a suscité une réaction mitigée auprès des professionnels de la santé. "Cela fait longtemps que la contraception pour les mineures devrait être gratuite", estime Martine Hatchuel, présidente de l'Association nationale des centres d'IVG et de contraception (Ancic). Mais cela ne concerne pas du tout la frange des jeunes majeures de 18 à 25 ans, extrêmement fécondes, qui lorsqu'elles sont en situation de précarité, ne peuvent pas accéder à un moyen de contraception."

"Cette mesure n'est pas du tout suffisante", a également  réagi Nathalie Bajos, chercheuse à l'Inserm. "On se focalise sur les mineures mais on vient de montrer que l'enjeu allait bien au-delà", a-t-elle poursuivi.

• Une tendance : L'enquête Fecond, menée par l'Inserm et l'Ined et publiée le mois dernier, montre en effet que le nombre de Françaises ayant recours à la pilule  comme principal moyen de contraception a diminué de 4,6% depuis l'an 2000. Les 20-24 ans accusent le plus net recul : -10,4%. Plus inquiétant, cette baisse n'est pas compensée par l'utilisation de nouvelles méthodes hormonales, contrairement aux autres groupes d'âge.

Dans le même temps, le nombre d'avortements est resté stable depuis 2006 selon le Ministère de la Santé, mais les femmes entre 20 et 24 ans restent celles qui y ont le plus recours. "Les 20-24 ans représente un groupe de population qui entre dans la vie active, et qui est particulièrement touché par la crise économique", souligne Nathalie Bajos de l'Inserm. "Or il est clair que le fait d'être dans une situation financière difficile va de pair avec une moindre couverture contraceptive."