La peur de l’apocalypse, un réel danger ?

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Aurélie Frex , modifié à
La Miviludes alerte sur une possible vague de suicides liée à la peur de la fin du monde.

La croyance en la fin du monde à l’horizon 2012 doit-elle être un sujet d’inquiétude en France ? C’est ce que pense la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, la Miviludes, qui publie mercredi un rapport visant à alerter sur le risque lié à ce discours apocalyptique.

La Miviludes insiste en particulier sur des "risques réels accrus" de suicides collectifs, directement liés à l’annonce d’une apocalypse "prévue" pour le 21 décembre 2012, selon le calendrier de la civilisation précolombienne des Mayas. Ce fantasme, qui a ressurgi ces dernières années, est repris à leur compte par plusieurs groupes sectaires, et s’est répandu dans la culture populaire, via plusieurs millions de sites Internet dédiés.

Une croyance qui s’appuie aussi sur de fausses allégations scientifiques, comme l’inversion des pôles magnétiques, ou l’alignement du Soleil avec le milieu de la voie lactée. D’où l’annonce de catastrophes naturelles, sociales et politiques en chaîne entraînant l’apocalypse. Le succès du blockbuster américain 2012, de Roland Emmerich, avec John Cusack, témoigne de l’importance du phénomène.

La peur des dérives sectaires

Le rapport pointe le risque de suicide collectif, comme cela est déjà arrivé plusieurs fois ces dernières décennies. La tragédie de l’Ordre du Temple solaire, où 74 adeptes étaient morts en France, en Suisse et au Canada, de 1995 à 1997, persuadés que l’apocalypse approchait, a fortement marqué les esprits.

D’autres exemples ont également eu lieu dans le monde, comme le Temple du Peuple au Guyana en 1978 avec 963 morts, dont 274 enfants, par empoisonnement collectif. Plus récemment, il y a eu les Davidiens à Waco, dans le Texas, en 1993, avec un bilan de72 morts. Deux ans plus tard, au Japon, la secte Aum perpétrait un attentat au gaz sarin dans le métro tokyoïte.

Phénomène de pèlerinage à Bugarach

Le mouvement qui inquiète le plus la Miviludes, une mission qui dépend de Matignon, est la secte Ramtha. Notamment installée dans le Sud-Ouest de la France, l’école de la sagesse Ramtha prétend "converser avec Ramtha, guerrier lémurien qui aurait découvert les secrets de l'immortalité". Une certaine Judy Zebra Knight prétend en être la réincarnation.

Ce groupe entretient en particulier l’idée que le village de Bugarach, dans l’Aude, serait épargné par la fin du monde. Ce bourg perché du pays cathare est en effet devenu un lieu emblématique, centre de pèlerinages hippies, depuis que le mouvement, créé aux Etats-Unis en 1988, a répandu cette idée. De nombreuses familles se sont mises à acheter des logements dans la région, faisant craindre aux autorités un rassemblement qui pourrait nuire à l’ordre public.