La méthode Peillon pour attirer des profs

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DÉCRYPTAGE - Photos de jeunes, slogan ambitieux : chronique d’une comm' millimétrée.

Décidé à redorer l'image de l’Education nationale, le ministre Vincent Peillon a dévoilé lundi son plan de recrutement. Son ambition ? Embaucher 43.000 enseignants d’ici la fin de l’année 2013 en reboostant au passage l’image de la profession. Pour cela, le ministère de l’Education n’a pas hésité à lancer une opération séduction. Mission réussie ? Un spécialiste de la communication répond.

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Sur les affiches, "ce qui marque, c’est l’image de la main levée : cet élément est suffisamment stéréotypé pour être mémorisable", décrypte Thierry Devars, chargé de cours au Celsa, l'École des hautes études en sciences de l'information et de la communication. Plutôt efficace donc pour faire passer un message, mais ce spécialiste souligne néanmoins "une ambiguïté sur l’identification entre l’élève et le professeur. La main levée, c’est une double figure : l’aspirant enseignant qui répond avec le sourire à la crise des vocations mais aussi une figure qui renvoie à la position de l’élève".

Qui est visé ?

Un élève qui s'apprête à devenir... enseignant, "d’un point de vue de communication pure, c’est-à-dire qui parle à qui, c’est bien ciblé car cela parle aux étudiants", poursuit cependant Thierry Devars. D’ailleurs, le communiqué du ministère le précise explicitement : il vise les étudiants. "La campagne repose sur un dispositif qui s’adresse à trois niveaux de publics", dont "le vivier des 18-25 ans chez qui il faut susciter l’envie d’enseigner". De ce point de vue là, la mission est remplie.

Autre force, "les visuels tablent sur la diversité : deux femmes, un homme, une personne de couleur. C’est des looks très décontractés, très quotidiens, qui représentent un public assez large. Ici, le vêtement ne renvoie pas particulièrement au statut de professeur". Si l'objectif de cette publicité est de s'adresser au plus grand nombre pour mieux recruter, la mission est remplie.

Un message martelé : "ambition réussir"

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Mais cette campagne de communication s’adresse aussi au reste de la population, c'est-à-dire "le grand public, auprès duquel il s’agit de réaffirmer la priorité donnée à la jeunesse et à l’école et de valoriser le métier d’enseignant", toujours selon le communiqué.

Un logo orne d’ailleurs toutes ces affiches : une pastille avec le slogan de la campagne, "ambition réussir". On retrouve ce logo tout au long du communiqué de presse : le ton est donné, l’Education nationale veut relever la tête et être fière.

"La valorisation symbolique du métier d’enseignant"

"Cette communication est très cohérente, elle joue beaucoup sur la valorisation symbolique du métier d’enseignant", confirme Thierry Devars, "mais elle aurait pu insister sur les côtés plus réalistes du métier d’enseignant : il est d’abord devant ses élèves et cet aspect est absent". Le métier d'enseignant est donc le grand absent de cette campagne.

Et Thierry Devars de faire le parallèle avec "les publicités à la télévision pour la marine nationale : ce qui était représenté, ce n’était pas la candidature mais le métier en lui-même, l’aventure". Une "valorisation assez abstraite du métier d’enseignant", mais qui ne répond pas à une question essentielle aux yeux de Thierry Devars : "qu’est-ce que cela veut dire être enseignant aujourd’hui au-delà des stéréotypes ?". Et combien cela rapporte, ajoutent de concert syndicats et étudiants.

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