La maison Borloo ? "Un gouffre"

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avec Walid Berrissoul et AFP , modifié à
REPORTAGE - Des habitants du Havre, qui ont souscrit à ce dispositif, racontent leur cauchemar.

Sur le prospectus, la photo avait tout d’idyllique : une maison écolo, en bois, avec un petit jardin, livrée clefs en main pour 100.000 euros. Comme beaucoup d’autres primo-accédants, Nadine et son mari, habitants au Havre, se sont endettés sur près de 30 ans pour s’offrir leur rêve, une maison Borloo.

Fissures et fuites d'eau

Aujourd’hui, le couple est amer. Il a dû remettre 50.000 euros sur la table et contracter deux crédits à la consommation pour voir leur maison finalisée. Installés depuis quatre mois, Nadine et son mari voient leur rêve se transformer en cauchemar. Fissures au mur, peintures inachevées, fuites d’eau. "C’est un gouffre" conclut Nadine, actuellement en congé parentale.

"On va vendre la maison et retourner en HLM" :

Le dispositif de la "Maison à 100.000 euros", lancé en 2005 par le ministre du Logement, Jean-Louis Borloo, avait de quoi séduire les familles les plus modestes désireuses d’accéder à la propriété : un prêt à taux zéro, des mensualités correspondant à un loyer HLM, des aides possibles des collectivités locales. Cinq ans après la mise en place du dispositif, le bilan est plus que mitigé. Selon le ministère du Logement, entre 20.000 et 30.000 de ces habitations devaient sortir de terre à partir de 2005. Aujourd’hui, impossible d’obtenir le décompte officiel des maisons Borloo mais on est loin des 100.000 qui devaient être livrées d’ici 2010.

Autre mauvaise surprise : le prix des maisons a été revu à la hausse. De 100.000 euros clefs en main, on est passé à 120.000, 130.000 voire 150.000 euros. Motif invoqué par les entrepreneurs : l’augmentation du prix des terrains et des matières premières.

Difficultés au Havre

Au Havre, près de 80 maisons Borloo ont été construites. L’un des promoteurs, Les Nouveaux Ateliers urbains, installé dans le Val-de-Marne, reconnaît sa responsabilité. "Nous avons déjà dédommagé pas mal de gens des troubles qu’ils ont pu avoir", assure le PDG, Michel Vitry. Mais il renvoie la balle à la société lettonne qui a réalisé les travaux en mettant en œuvre un concept novateur de maison à ossature bois. "Elle ne maîtrisait pas la réglementation française, a mal réalisé ses approvisionnements".

La mairie du Havre, propriétaire des terrains, a décidé de geler toutes les négociations en cours avec le promoteur tant que le problème ne serait pas réglé. "C'est le désenchantement, le procédé nous paraissait innovant mais le promoteur a été défaillant et n'a pas surveillé de près les travaux", regrette Agathe Cahierre, première adjointe UMP au maire du Havre.