La France condamnée pour manque de soins

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Une détenue anorexique n’a pas reçu les traitements adéquats. L’Europe condamne la France.

La France a été condamnée le 21 décembre par la Cour européenne des droits de l’Homme pour ne pas avoir fourni de soins adéquats à une détenue anorexique. Virginie Raffray Taddei, 48 ans, réclamait depuis longtemps d’être admise dans une structure adaptée.

Difficultés de diagnostic

Placée dans le centre de détention de Roanne, dans la Loire, depuis plusieurs années pour une série de condamnations (escroquerie, abus de confiance, vols et outrage), Virginie Raffray Taddei a déposé à maintes reprises des demandes de suspension de peine. Demandes rejetées à chaque fois.

Plusieurs expertises ont tenté de faire la lumière sur les pathologies exactes de la détenue. Certains symptômes sont écartés mais les médecins ont quand même révélé que la patiente souffrait bien d’un asthme grave, d'une insuffisance respiratoire chronique et d'anorexie.

Des réponses insuffisantes

Après une grève de la faim en juillet 2008, la détenue est devenue anorexique. Elle perd 19 kilos en moins d’un an. En 2009, plusieurs expertises conseillent une prise en charge adaptée pour la détenue. Mais la justice continue de rejeter ces demandes.

"Mme Raffray apparaît comme une détenue dont le seul objectif est de sortir de détention avec comme seul projet celui de se soigner. Si un tel projet peut apparaître utile, encore faut-il qu’il soit justifié par une réelle pathologie extérieure à la volonté de la condamnée", a expliqué le juge d’application des peines en mars 2010.

"Victoire symbolique"

Après plusieurs rejets, l’avocat de la détenue décide de porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’Homme qui lui donnera raison quelques semaines plus tard. "Ça ne change pas grand-chose pour elle", regrette son avocat. "Mais nous aurons probablement aujourd’hui une meilleure écoute des magistrats. C’est une victoire symbolique, mais c’est une victoire".

L'arrêt de la Cour, susceptible d'appel, n'a pas accordé de dommages à la détenue qui n'en avait pas demandé.

Ce genre de peine n’est pas une première pour la France. En juillet dernier, elle avait déjà été condamnée par la CEDH pour des traitements dégradants envers une personne détenue à Liancourt, dans l'Oise.