La Fondation Hulot quitte le Grenelle

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Elle suspend sa participation aux groupes de travail suite au report de la taxe carbone.

La Fondation Nicolas Hulot (FNH) claque la porte du Grenelle de l’environnement dont la taxe carbone était la mesure phare. Elle a annoncé lundi qu'elle suspendait sa participation aux groupes de travail menés par le gouvernement, quelques jours après le report sine die de la taxe carbone.

"Nous avions salué la décision de la taxe carbone, pour nous ce n’était pas satisfaisant dans les modalités, mais c’était très important qu’elle soit mise en place", explique Cécile Ostria, directrice générale de FNH. Pour la Fondation créée en 1990, "l'abandon pur et simple de la taxe carbone, alors qu'un processus de concertation était en cours", marque une rupture dans la "méthode Grenelle". "La forme du dialogue est complètement décrédibilisée", regrette Cécile Ostria.

Respect du Pacte écologique

La Fondation déplore en particulier que l'engagement des participants aux groupes de travail "soit de moins en moins suivi d'effet". Pour Cécile Ostria, cette suspension s'impose "dans un souci d'efficacité et de respect vis-à-vis des 750.000 citoyens qui ont signé le Pacte écologique" porté par Nicolas Hulot lors de la campagne présidentielle de 2007.

Les principaux engagements du Grenelle ont été annoncés lors d'un lancement en grande pompe par Nicolas Sarkozy en octobre 2007 à l'issue d'une consultation inédite rassemblant autour d'une même table représentants des ONG, du patronat, des syndicats, des collectivités locales et de l'Etat.

De nombreux groupes de travail thématiques se réunissent régulièrement depuis pour approfondir chacune des problématiques. Le Grenelle a débouché sur une loi d'orientation, "Grenelle 1", fixant une série de grands objectifs sur le climat, la biodiversité, les bâtiments, le transports... qui doivent être déclinés en particulier dans le "Grenelle 2". Il sera examiné au Parlement à partir du 5 ou du 6 mai.

Déclarations de Sarkozy

"L'abandon pur et simple de la taxe carbone, alors qu'un processus de concertation était en cours, est symptomatique d'un net recul de la classe politique qui, à droite comme à gauche, n'a pas pris la mesure des enjeux écologiques, et les considère essentiellement comme une variable d'ajustement politique", regrette FNH.

La fondation a relevé les déclarations de Nicolas Sarkozy au Salon de l’agriculture : "l'environnement ça commence à bien faire". "On croyait qu’il y avait une maturité dans la compréhension de ces sujets qui finalement n’est pas encore là", insiste Cécile Ostria.

Le Grenelle plombé ?

Pour le WWF, l'annonce de FNH "est une très mauvaise nouvelle". L'organisation écologiste a demandé au président de la République d'organiser "dans les plus brefs délais" une réunion avec les ONG associées au Grenelle de l'environnement. Le président "doit confirmer les engagements du Grenelle qu'il a pris publiquement en octobre 2007 au Palais de l'Elysée", a déclaré Serge Orru, son directeur général.

La fédération France Nature Environnement (FNE, 3.000 associations) a, de son côté, indiqué qu'elle n'entendait pas suspendre sa participation au processus. "On ne va pas planter le dialogue environnemental uniquement sur le dos de la taxe carbone", a argumenté Bruno Gentil, son nouveau président.

 

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