L’open data, un enjeu pour demain

Le marché de l'open data représente entre 10 et 48 milliards d'euros par an dans l'UE
Le marché de l'open data représente entre 10 et 48 milliards d'euros par an dans l'UE
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Jean-Louis Dell'oro , modifié à
Démocratie, actions des élus, développement économique... A quoi sert l’ouverture des données ?

Etalab a dévoilé il y a quelques jours la licence qui donnera un cadre juridique à l’open data, c’est-à-dire à l’utilisation et à la modification des données rendues accessibles à tous par les administrations publiques. C’est l’une des dernières étapes avant le lancement prévu début décembre du portail data.gouv.fr qui doit à terme regrouper l’ensemble de ces données.

Open data ? Derrière cet anglicisme un peu barbare se cache un mouvement particulièrement important pour les citoyens, la presse, les chercheurs et les entreprises françaises. Europe1.fr détaille les grands enjeux de cette ouverture des données des administrations publiques.

Un outil démocratique

Chaque année, les administrations produisent des milliers de données sur les naissances, les décès, les accidents de la route, le niveau de pollution de l’air ou de l’eau, etc. Ces informations ne sont cependant pas toutes rendues publiques ou accessibles aisément.

Le plus souvent, les citoyens ont l’impression de se battre contre l’administration ou la CADA pour les obtenir. L’open data va permettre de libérer ces données. Des informations qui doivent par ailleurs être anonymisées pour ne rien dévoiler sur la vie privée des citoyens.

L’open data est en premier lieu un effort de transparence pour renforcer la démocratie et le contrôle des élus en favorisant les échanges d’informations entre les administrés et les pouvoirs publics. A terme, le citoyen pourra consulter rapidement sur Internet les comptes de sa mairie ou encore les contrats de marché public.

"Tout devient public, ce qui va nécessairement transformer la pratique des élus", confirme Pierre Martinerie. Vice-président de Saône-et-Loire chargé notamment de la démocratie participative, il a œuvré pour la mise en place du site opendata71.fr pour son département. En moins d’un mois, le site a enregistré plusieurs dizaines de milliers de connexions d’après l’élu. "Cela permet de donner par exemple les noms des fournisseurs du Conseil général mais également de faire connaître les décisions que prend le département", enchaîne-t-il. 

Valoriser l’action des élus

C’est là le deuxième rôle de l’open data pour les représentants de l’Etat ou des collectivités locales. L’open data offre la possibilité de valoriser leurs actions ou leurs initiatives, notamment quand elles ne sont pas toujours connues comme dans les départements. Par exemple, l’ouverture des données peut simplifier grandement le développement d’outils pour géolocaliser tous les services publics à proximité ou huiler les démarches administratives.

En 2008, la ville de Washington DC a lancé un concours d’open data en offrant 25.000 dollars au gagnant. En 30 jours, 47 applications ont été développées. L’une d’entre elles sert par exemple à trouver la bonne borne de vélo, à définir un trajet entre un point A et un point B tout en évitant les endroits dangereux grâce aux données historiques sur les accidents de circulation.
A Rennes, l’application eo’City, regroupe aussi tous les horaires et les positions en temps réel de tous les transports en commun et même des vélos.

Renforcer le tissu économique

Les tenants de l’open data soulignent aussi l’intérêt économique pour l’Etat, les collectivités locales et les entreprises. La libération des données publiques autorise leur exploitation par des entreprises afin de lancer une activité ou d’enrichir leur connaissance du terrain. Ce qui favorise le développement du tissu économique et renforce l’attractivité d’un territoire. 

L’Union européenne pousse en ce sens. La Commission a adopté une directive rendant obligatoire l’ouverture des données publiques en 2003. Et d’après les responsables européens dans une étude datant de 2006, le marché de l’ouverture des données publiques représente entre 10 et 48 milliards d’euros par an dans l’Union.

"L’open data permet à la fois la transparence de l’action de l’Etat et les gains économiques liés à cette transparence", résume Séverin Naudet, responsable d’Etalab, la mission chargée de développer data.gouv.fr et de coordonner la collecte des informations de toutes les administrations de l’Etat. "Nous sommes dans un monde de données. Quand on explique aux gens l’open data, ils comprennent très vite que c’est un enjeu économique et démocratique", ajoute-t-il.

Quelques nuages en suspens

Tout n’est pas pour autant rose dans l’univers de l’open data. Les problèmes de compatibilité et d’interopérabilité des données demeurent. Le retour sur investissement est également difficile à mesurer, tandis que les données disponibles vont dans un premier temps dépendre de la bonne volonté des administrations.

Par ailleurs, d’autres informations que l’on penserait publiques ne le sont pas nécessairement, comme par exemple les incidents et les retards dans les transports en commun.