L’enseignant de CM2 ne sera pas puni

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Un enseignant refusant d’organiser les évaluations de CM2 a été suspendu immédiatement.

"J'ai l'impression de sortir d'une aventure kafkaïenne", a déclaré Gilles Lehmann devant l'inspection académique à Limoges vendredi. Il était convoqué pour avoir refusé d'organiser les évaluations en CM2 telles qu'elles avaient été prévues par le ministère de l'Education nationale. Suspendu depuis lundi, il ne sera finalement pas sanctionné et pourra retrouver sa classe lundi.

"Je reprends la classe lundi, et on en reste là avec l'administration", a dit Gilles Lehmann sous les applaudissements d'une centaine d'enseignants et de parents d'élèves venus le soutenir. "L'affaire est close", a déclaré Jean-Pierre Gainand, secrétaire général de l'inspection académique de Haute-Vienne, confirmant que l'enseignant ne subirait aucune procédure disciplinaire ni ponction de salaire après sa semaine de suspension.

Un dialogue "calme"

Gilles Lehmann a expliqué avoir dialogué avec l'inspection académique "dans le calme et la sérénité". "Le dialogue, c'est ce que je demande depuis longtemps", a encore déclaré l'instituteur quadragénaire, visiblement ému par la mobilisation et "l'élan" autour de son cas. Une centaine d'enseignants et de parents d'élèves s'étaient rassemblés devant l'inspection académique à l'appel notamment de la FCPE et du Snuipp-FSU et du Sgen-CFDT. Ils avaient déployé une banderole noire proclamant "Solidarité avec Gilles".

"L'Appel des 200 maîtres"

L’instituteur est signataire de "l'Appel des 200 maîtres", une mobilisation nationale de 234 enseignants pour le boycott total ou partiel des évaluations nationales de CM2. Ils avait été suspendu pour avoir organisé sur trois semaines, au lieu de trois jours, le test qui doit permettre au ministère de connaître les acquis en français et en mathématiques des quelque 790.000 élèves de CM2. "La suspension était disproportionnée", a estimé l’instituteur. "J'espère que cette action aura servi à quelque chose", a-t-il ajouté, avant d'appeler "d'autres" à "reprendre le flambeau".

Pour le porte-parole de l'"Appel des 200 maîtres", "la raison l'a emporté". "On le prend comme un signe d'apaisement et peut-être l'annonce d'un dialogue avec le ministère" car "il y a urgence à revoir la copie" pour la rentrée prochaine, a déclaré Sylvain Grandserre. L'absence de sanction "confirme qu'il s'agissait d'un zèle local plus qu'une position du ministère", a-t-il ajouté.