L'encombrante affaire Dalongeville au tribunal

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L'ex-maire d'Hénin-Beaumont, jugé pour détournements, a fait citer François Hollande.

Après la condamnation, mercredi 22 mai de Sylvie Andrieux, à de la prison ferme, un autre ancien responsable socialiste local est jugé à partir de lundi - et jusqu'au 14 juin - par le tribunal correctionnel de Béthune, dans le Pas-de-Calais. Gérard Dalongeville, 42 ans, maire d'Hénin-Beaumont de 2001 à 2009 un temps sous l'étiquette socialiste, est renvoyé pour "détournement de fonds publics", "faux et usage de faux", "favoritisme" et "corruption". Des délits passibles de dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.

Demande l'annulation de l'ordonnance de renvoi. A l'ouverture du procès, l'avocat de Gérard Dalongeville a sollicité l'annulation de l'ordonnance renvoyant son client devant le tribunal correctionnel, estimant que des "aspects" du dossier avaient été "masqués". "Le procès de Gérard Dalongeville est un aspect des choses parmi d'autres, dont la corruption du juge Pierre Pichoff (un magistrat de Béthune mis en examen pour corruption passive, ndlr) et le financement du Parti socialiste", a déclaré Me Francis Terquem.

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Le "système" Dalongeville à l'étude. La justice soupçonne l'ancien édile d'avoir mis en place un système de fausses factures au bénéfice de sociétés qui n'ont jamais honoré les prestations correspondantes. Leur montant pourrait atteindre quatre millions d'euros. Après avoir assuré n'être au courant de rien, Gérard Dalongeville a changé de défense, mettant tout sur le dos de son premier adjoint, Claude Chopin, et un homme d'affaires, Guy Mollet, également renvoyés. Selon l'ex-maire, l'argent récolté par Claude Chopin, "en place depuis trente ans", était destiné à alimenter les caisses du PS local afin, notamment, de financer les campagnes électorales. Claude Chopin "assume avoir signé un certain nombre de factures, mais conteste complètement les accusations de financement occulte, étayées par aucun élément du dossier", défend Me Blandine Crunelle, le conseil de Claude Chopin, 79 ans.

Hollande appelé à la barre. Le président de la République, premier secrétaire du Parti socialiste de 1997 à 2008 a reçu début mai à l'Elysée une "invitation à témoigner" au procès. "Le financement du PS, y compris via le Luxembourg, c'est un système qui est organisé de longue date (...), mais on ne veut pas l'entendre à Béthune", assure Gérard Dalongeville, qui estime que François Hollande ne pouvait pas "ne pas savoir". L'ex-maire a dénoncé auprès de la juge chargée d'instruire son dossier, puis dans un livre, Rose Mafia, des malversations au sein de son ancien parti. "Il y a 99% de chance qu'il ne vienne pas", a-t-il toutefois convenu.

"Petits arrangements entre amis". Le quadragénaire, mis en examen en 2009 un an après sa réélection face à Marine Le Pen, compte "enfin évoquer ce que le tribunal de Béthune ne veut pas évoquer, c'est-à-dire le PS, certaines entreprises de BTP proches du PS, certains petits arrangements entre amis", espère-t-il. "On me reproche des dépôts d'argent sur mon compte, d'avoir effectué plusieurs voyages à l'étranger... Au tribunal, ça va tomber. Je ne me suis pas enrichi", se défend Gérard Dalongeville. Pour les socialistes, c'est un nouveau  dossier embarrassant, après les affaires Cahuzac, Andrieux, Guérini et Kucheida.

Le cabinet de l'avocat de Dalongeville cambriolé. Quelques heures avant l'ouverture de ce procès, le cabinet parisien de l'avocat de Gérard Dalongeville, a été cambriolé dans la nuit de samedi à dimanche. "Un ordinateur a disparu et les bureaux ont été fouillés (...) Aucun document n'a été volé", a indiqué Me Francis Terquem, dont l'associé a constaté le cambriolage. Interrogé sur un éventuel lien entre le cambriolage et ce procès, Me Terquem a répondu qu'il n'en savait "strictement rien". L'enquête a été confiée à la 3e division de police judiciaire de Paris.