Kool Shen : "Plus de plaisir à enregistrer maintenant"

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Henri Seckel , modifié à
RENCONTRE - Crise de conscience, son deuxième album solo, NTM, le téléchargement illégal : Kool Shen se confie.

Crise de conscience - un jeu de mots entre la "crise" que nous traversons et la "prise de conscience" qu'elle nécessiterait - est le deuxième album de Kool Shen. Il sort lundi. La moitié d'NTM revient, cinq ans après Dernier Round.

> Retrouvez ici la seconde partie de l'interview de Kool Shen : "Je ne réécoute jamais NTM"

Crise de conscience est, encore une fois, un album très sombre. N’y a-t-il rien qui vous rende optimiste aujourd’hui ?
Très, très peu de choses. J’ai un regard optimiste sur mon quotidien personnel, parce qu’il est fait de bonnes choses. Mais si je porte un regard global sur l’environnement ou la géopolitique de la planète, c’est super difficile d’être optimiste Je vois pas à quel endroit de la planète ça va réellement bien, ni même des signes qui pourront faire qu’à un moment donné, ça va aller mieux. Mais je ne grossis pas le trait. C’est mon état d’esprit. Et je n’ai pas l’impression d’être à dix milles lieues de celui des gens.

Les problèmes sociaux, les inégalités, l'attention envers son fils. On a l’impression de retrouver dans Crise de conscience des thèmes déjà abordés sur votre premier album solo ou auparavant avec NTM. Ne craignez-vous pas qu’on vous reproche de radoter ?
Non. (silence). Non. Il y a des thèmes récurrents mais je n’ai pas l’impression que ce soit le même morceau. Certains textes qu’on a écrits il y a quinze ans sont toujours d’actualité, c’est pour ça peut-être que parfois, on réécrit un peu la même chose. Mais il y a une compo différente derrière : le rap, c’est aussi une façon ludique de poser sa voix sur une musique, c’est aussi une atmosphère. Le Monde de demain, j’aurais pu te le réécrire quatre fois, c’est pas très grave. Ce qui est dérangeant, c’est si t’as quatorze fois le même morceau sur un album. Je n’ai pas l’impression que ce soit le cas sur Crise de conscience.

Comment s’est déroulée l’écriture de l’album ?
Quand on construit un album, on n’a pas un plan général d’attaque. Avant, il m’arrivait d’écrire des textes sans musique. Aujourd’hui, je n’écris que sur l’instru, je ne commence pas mes textes avant d’en avoir une. C’est l’instru qui inspire les paroles. Maintenant, il y a aussi des choses que j’ai envie de dire. Quand j’écris un morceau comme La France hallucine, l’instru est assez binaire, elle donne une ambiance assez grave. Et comme j’ai envie de parler de problèmes sociaux, ça donne ce morceau.
Joey Starr figure sur le premier morceau de l’album, J’reviens. Comment s’est scellée la collaboration avec lui ?
J’avais envie qu’il soit sur le truc. On avait eu des bonnes vibes en remontant sur scène. On ne s’était pas parlé pendant dix ans, on se reparle, donc c’était cool qu’il soit sur mon album. En plus je parle de lui vite fait dans le morceau, donc ça me semblait assez logique d’entendre sa voix dessus. Sur mon album précédent, il avait dit que je faisais de la musique d’ascenseur. Bon, moi, sur son album, j’avais trouvé que c’était sa musique qui faisait un bruit d’ascenseur, c’est différent (sourire). Bref. Donc je lui ai ramené une instru qui sonnait pas ascenseur. Il a dit direct : "Oui ça me plait."

Voici Kool Shen en freestyle pour Europe1.fr, avec un extrait a cappella du morceau J'reviens :

Et voici le clip du morceau, en duo avec Joey Starr :

Pouvez-vous nous expliquer d’où est parti le morceau Salope.com ?
Ça part des commentaires que tu peux lire sur des forums de discussions sur Internet, où les gens parlent de différents artistes. Parfois tu vois des commentaires… pas très constructifs, on va dire. Dans la vie, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui commençait par m’insulter, insulter ma mère, mon père et qui ensuite me disait : "Et en plus, ton album c’est de la merde." C’est ça le truc le plus dérangeant avec Internet.

A 43 ans, dix-huit ans après votre premier album avec NTM (Authentik, 1991), le plaisir d’enregistrer un album est-il toujours le même ?
Honnêtement, j’ai plus de plaisir maintenant que quand j’enregistrais mes premiers albums. A l’époque, je savais qu’il y avait des lacunes à droite à gauche qu’il faudrait combler. Aujourd’hui, je sais plus où je vais quand je fais un morceau. J’ai l’impression de plus toucher l’aboutissement de ce que je veux faire réellement.

> Kool Shen évoque NTM, Joey Starr et le téléchargement illégal dans la deuxième partie de l'interview