Kerviel adopte une nouvelle stratégie de défense

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Selon Me Olivier Metzner, l'avocat de Jérôme Kerviel, l'ancien trader de la Société Générale a pris des engagements de 800 milliards de dollars en moins de 3 ans que la banque qui ne pouvait ignorer. Des nouveaux éléments qui modifient d’après son avocat, la responsabilité éventuelle de son client.

La défense de Jérôme Kerviel plaide l’innocence de son client dans une note. L’avocat de l’ancien trader apporte de nouveaux éléments qui selon lui, accablant la Société générale : "Elle avait forcément connaissance des agissements de Jérôme Kerviel, il ne peut donc avoir commis d'abus de confiance à l'encontre de la banque." Il demande aux juges de poursuivre leur enquête.

Dans sa note, Me Olivier Metzner demande notamment aux magistratsla nomination d'un collège d'experts. Celui-ci devra "décrire et analyser (....) la nature et la disponibilité des informations dont disposait la hiérarchie de Jérôme Kerviel" et les différents services de contrôle de la banque. Selon lui, "sauf à prétendre que toute la hiérarchie opérationnelle de la banque de Jérôme Kerviel eut été +non voyante+, tous les destinataires de ces informations, et ils sont nombreux, ne pouvaient pas ne pas voir que s'ils ne voulaient pas regarder".

"Comment imaginer qu'un trader (...) ait pu prendre des volumes d'engagement au nom de la Société générale dépassant largement les 200 milliards d'euros (au total entre 2005 et début 2008, ndlr), soit plus de la moitié du budget de la France ?", s'étonne par ailleurs l'avocat. Autres exemples de l'énormité des ordres passés par Jérôme Kerviel: l'achat fictif de près de 5% du capital de Deutsche Bank ou de 15% du constructeur automobile Porsche.

Avocat depuis mars de l’ex trader, il s'interroge également sur la valeur des témoignages de plusieurs supérieurs hiérarchiques de Jérôme Kerviel qui "ont obtenu le versement d'une indemnité de plus de 2,3 millions d'euros contre l'engagement de ne pas nuire aux intérêts de la Société générale". "Cette formulation laisse penser à une subornation de témoins", écrit Me Metzner.

Après un an d'enquête, les juges Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset ont clôturé leur instruction le 26 janvier. La défense dispose d'un délai de trois mois, qui prend fin lundi, pour demander des actes complémentaires.