Karachi : une intervention de l'Elysée ?

L'Elysée aurait donné des ordres dans le dossier Karachi
L'Elysée aurait donné des ordres dans le dossier Karachi © MAXPPP
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avec AFP
Un témoin de l'affaire affirme avoir été mandaté par la présidence pour intervenir en 2008.

Rétrocommissions, chantage... Nouveau rebondissement dans l'affaire Karachi. Un ancien membre de la DGSE, Alain Juillet, a rapporté au juge Renaud Van Ruymbeke, qui enquête sur le volet corruption du dossier, avoir été mandaté par l'Elysée en 2008 pour prendre contact avec un témoin-clé de l'affaire.

Mandaté par l'Elysée pour "voir ce qu'il y a derrière"

Alain Juillet se serait ainsi rapproché de Jean-Marie Boivin, le mandataire de Heine et Eurolux, les sociétés basées au Luxembourg par lesquelles transitaient depuis 1994 des commissions sur des contrats d'armement. Selon plusieurs témoignages, il aurait depuis fait du chantage auprès des autorités françaises pour au final obtenir, en janvier 2009, 8 millions d'euros d'indemnités. Alain Juillet affirme avoir été mandaté par l'Elysée pour "voir ce qu'il y a derrière tout ça", selon son procès verbal d'audition, cité par Mediapart.

Alain Juillet dit avoir été contacté en juin 2008 par Bernard Delpit, à l'époque collaborateur de François Pérol, l'ancien secrétaire général adjoint à l'Elysée, pour qu'il prenne attache avec Jean-Marie Boivin. Celui qui exerçait alors les fonctions de haut-responsable à l'intelligence économique auprès de Matignon, a ainsi rencontré le mandataire à trois reprises à Londres entre septembre 2008 et mai 2009. "J'étais convaincu qu'il (M. Boivin) avait des archives et qu'il valait mieux les récupérer et négocier avec lui une indemnité de départ raisonnable", a expliqué Alain Juillet.

"On a l'impression qu'il savait tout"

Lors de leurs différentes rencontres à Londres, Jean-Marie Boivin "a surtout parlé de Karachi", a assuré l'émissaire de l'Elysée. "C'est le premier que j'ai entendu dire que l'attentat était lié à l'arrêt du versement des commissions. Pour lui, c'était une évidence", a ajouté Alain Juillet. Celui-ci a précisé au juge Van Ruymbeke avoir pris avec des pincettes les affirmations de son interlocuteur : "Quand on l'écoutait, on a l'impression qu'il savait tout. Mais quand on lui posait des question précises, c'était totalement flou", a-t-il poursuivi.

On a par ailleurs appris jeudi que deux anciens responsables de la branche internationale de la DCN, ont été placés sous le statut de témoins assistés par le juge Renaud Van Ruymbeke. Ils sont soupçonnés de ne pas avoir transmis à la justice des documents évoquant un possible lien entre l'attentat et l'arrêt des commissions.