Karachi : "Nous voulons la vérité"

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Magali et Sandrine, filles de deux victimes de l’attentat, dénoncent l’opacité de l’enquête.

Le 8 mai 2002, un attentat à Karachi, au Pakistan, fait 14 morts, dont 11 Français, des employés de la Direction des constructions navales (DCNS).

Magali Drouet et Sandrine Leclerc sont deux filles de victimes. Dans leur livre On nous appelle les Karachi, sorti récemment, elles racontent leurs difficultés à connaître la vérité. Pendant six ans, la piste d’Al-Qaïda a été prédominante, avant qu’une vaste affaire de corruption, touchant plusieurs personnalités politiques, prennent le dessus.

Invitées sur Europe 1 mercredi, elles ont raconté la façon dont les militaires les ont mis à l’écart de l’enquête.

"Ils contrôlaient notre état psychologique", racontent-elles :

La loi du silence

Magali Drouet et Sandrine Leclerc reviennent également sur la difficulté à entrer en contact avec les personnalités politiques, par exemple avec Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense. "Elle est venue nous voir, elle nous a assuré que tout allait bien se passer pour nous, qu’elle suivrait l’affaire", raconte les deux jeunes femmes.

"Elle nous a assuré que si nous avions le moindre problème, nous avions son numéro de téléphone. Je ne l’ai jamais eu. Quand on a souhaité la rencontrer, il a fallut faire pression par voie médiatique, pour obtenir une fois une audience".

Elles expliquent également leurs difficultés à suivre l’affaire. "Il ne s’est pas passé grand-chose pendant six ans", s’insurgent-elles. "Ça s’est résumé à trois rencontres avec le juge anti-terrorisme Jean-Louis Bruguière. Trois rencontres qu’on a dû réclamer à corps et à cris !".

"Sarkozy devait être au courant"

Aujourd’hui, elles veulent juste "savoir pourquoi nos pères sont morts", et que les personnalités mises en cause passent devant la justice.

Magali Drouet tient plus particulièrement à ce que Nicolas Sarkozy s’explique. "Je suis persuadée qu’il était au courant de la corruption, puisqu’il a validé la création des sociétés offshore", raconte-t-elle. "Qu’il soit réélu ou pas, ça ne change strictement rien. Il a une immunité qui durera le temps de son mandat. S’il faut attendre cinq ans de plus, on attendra cinq ans de plus. On est plus pressé maintenant".