Justice : le Dr Canarelli défend son diagnostic

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avec Nathalie Chevance et AFP , modifié à
PROCÈS- La psychiatre est jugée en appel pour homicide involontaire après le meurtre commis par l'un de ses patients schizophrène.

Le procès. "Je ne me suis pas laissée abuser par ce patient, j'ai pris des décisions en conscience." Danièle Canarelli, la psychiatre condamnée fin 2012 à un an de prison avec sursis pour homicide involontaire après un meurtre commis par un patient et rejugée par la cour d'appel d'Aix-en-Provence, a défendu lundi une nouvelle fois son action. La spécialiste a réfuté l'idée que Joël Gaillard ait pu la manipuler.

Un patient "exceptionnel". Devant la cour, la psychiatre, qui exerce toujours à l'hôpital marseillais Edouard-Toulouse, a évoqué un malade "sortant de l'ordinaire, un peu exceptionnel", dont "les symptômes disparaissaient rapidement à l'intérieur du service". "D'un patient méfiant, en retrait, petit à petit on voyait le patient se détendre, s'apaiser jusqu'à entretenir des relations correctes avec l'ensemble de l'équipe", a raconté à la barre Danièle Canarelli, relevant "la pauvreté du tableau clinique". Or "la dangerosité est évaluée au moment où je fais le certificat", martèle la psychiatre.

La psychiatrie, bouc-émissaire. Pour Danièle Canarelli, on ne peut pas tout reprocher à la psychiatrie. "Il est quand même tout à fait étrange que l'on me reproche à moi de ne pas avoir de fonction quasi-carcérale ou policière avec ce patient. Si on fait payer ça à la psychiatrie, ça va poser de gros problèmes pour la prise en charge des patients a venir", dénonce-t-elle en marge de l'audience devant les médias.

La famille indignée. A la barre, d'éminents collègues de la psychiatre témoignent en sa faveur et rappellent eux aussi qu'un patient dangereux à un moment donné ne le restera pas forcément toute sa vie. De quoi faire bondir Me Chemla, l'avocat de la famille de la victime. "Retenez bien tous : il est normal qu'un patient dangereux sorte de l'hôpital et récidive. Ça n'interpelle personne et on nous explique que c'est la normalité. La psychiatrie est impuissante à diagnostiquer, à soigner, à prévenir... C'est extrêmement inquiétant", accuse-t-il.

La relaxe requise. Le ministère public a requis la relaxe de la psychiatre Danièle Canarelli. L'avocate générale Isabelle Pouey a écarté toute "faute caractérisée". Danièle Canarelli, "médecin fonctionnaire ne déterminant pas les conditions de son travail" et "intervenant en équipe", "n'aurait pas dû être toute seule renvoyée devant le tribunal correctionnel", a estimé la magistrate. "Quand bien même il y aurait des fautes caractérisées", le lien de causalité entre le fait allégué et le dommage n'est pas établi, selon elle. "Il me semble que dans ce dossier, il n'est pas démontré que la prescription d'un traitement aurait permis d'éviter une rechute de Joël Gaillard. Nous sommes dans l'aléa thérapeutique", a argué l'avocate générale. Le jugement devrait être mis en délibéré. Mais si Danièle Canarelli était relaxée, la famille de la victime a d'ores et déjà annoncé son intention de se pourvoir en cassation.

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