Juré d’assises, "ce n’est pas un jeu"

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Fabien, 30 ans, a été juré d’assises en mai dernier. Une expérience qui l’a marqué.

"On a toujours un avis sur la peine quand on voit un procès à la télé". En mai dernier, Fabien est passé de l’autre côté de l’écran, entrant pour la première fois dans une cour d’assises. "Là, on prend conscience qu’on va envoyer quelqu’un en prison, que ce n’est pas un jeu", raconte ce trentenaire qui a été juré pendant quinze jours.

Une période durant laquelle il a dû abandonner son travail et poser des congés sans solde. "Mon employeur ne pouvait pas refuser mais j’ai dû m’organiser pour être présent", raconte-t-il. En échange de sa participation, il a reçu une indemnité qui couvrait la perte de salaire.

Entre curiosité et angoisse

Lorsqu’il a reçu un premier courrier officiel lui indiquant qu’il avait été choisi pour être juré d’assises dans son département de banlieue parisienne, Fabien a été "étonné", "curieux", mais pas vraiment angoissé. Pourtant, il le reconnaît, l’expérience a de quoi déstabiliser. Dans l’affaire d’assassinat qu’il a eu à juger, un autre juré a demandé à être dispensé dès la première journée d’audience parce que le récit des faits était trop dur à entendre. D’autres jurés s’inquiétaient de devoir croiser la famille de l’accusé dans les couloirs du palais de justice.

Un procès aux assises, c’est "tout un protocole". Mais "ce qui m’a rassuré, c’est que les magistrats insistent sur le fait qu’on n’est pas de simples spectateurs, qu’on peut poser des questions" lors de l’audience, précise Fabien.

"Je suis sorti du tribunal, j’étais vidé"

Au moment du délibéré, les jurés ont aussi libre champ pour s’exprimer. Et les personnalités s’affirment. Autour de la table, il y avait "celle qui ne croit que ce qu’elle voit", "l’intransigeante", "le sceptique", raconte Fabien. Chez certains, il a vu "le doute s’installer". Au final, la décision ne tombe pas du ciel mais est bien le fruit d’une réflexion construite à plusieurs. "Je suis sorti du tribunal, j’étais vidé", reconnaît Fabien.

Son conseil aux futurs jurés d’assises ? Ne pas s’angoisser à l’avance et se laisser "emporter". Fabien l’avoue, il repense parfois aux procès qu’il a vécus, notamment à celui d’un jeune homme de 17 ans tout juste, qui a été condamné à une lourde peine de prison pour assassinat. "C’est une histoire qui m’a marqué mais je suis fier d’avoir vécu cette expérience, pas en tant que justicier ou vengeur mais comme un citoyen", insiste-t-il.

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