Journalistes tués : la justice traque Bayes Ag Bakabo

La justice française soupçonne un trafiquant de drogue, lié à Aqmi, d'avoir planifié l'enlèvement des reporters de RFI.
La justice française soupçonne un trafiquant de drogue, lié à Aqmi, d'avoir planifié l'enlèvement des reporters de RFI. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
La justice française soupçonne ce trafiquant de drogue, lié à Aqmi, d'avoir planifié l'enlèvement des reporters de RFI.

L'info. Des "soupçons très précis" pèsent sur lui. Depuis l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris début novembre après l'enlèvement et l'assassinat de deux journalistes français au Mali, la justice française avance. Elle soupçonne désormais Bayes Ag Bakabo, un touareg lié à Aqmi mais en disgrâce, d'avoir planifié le rapt, a annoncé mercredi François Molins, le procureur de la République de Paris. Le magistrat a annoncé qu'une information judiciaire, confiée à des juges d'instruction, serait prochainement ouverte à Paris.

Vu en train de préparer l'enlèvement. Selon François Molins, Bayes Ag Bakabo, un touareg, trafiquant de drogue, "a été vu circulant au volant du pick-up qui a servi à enlever les deux journalistes" "Il a été vu en train d'acheter 140 litres d'essence la veille ou l'avant-veille de l'enlèvement", a ajouté François Molins. En outre, l'homme a laissé à l'intérieur du véhicule que les ravisseurs ont abandonné, après l'avoir fermé à clé, une autorisation de circuler à son nom, délivrée par le haut commissariat de la région.
 Bakabo fait depuis "l'objet d'intenses recherches", a-t-il précisé.

Comme le révélait Europe 1 dès le 7 novembre, Bayes Ag Bakabo est un djihadiste sans grade d’Aqmi, impliqué dans des vols de voiture. Il aurait cherché à retrouver grâce aux yeux de sa brigade, dirigée par un certain Abdelkrim al-Targui. Le procureur de Paris, François Molins, a confirmé mercredi que Targui pourrait être le commanditaire de ce double enlèvement qui a mal tourné.

Deux scénarios à l'étude. L'enquête de la justice française a permis de déterminer "deux hypothèses (qui) apparaissent plausibles" pour expliquer l'assassinat des deux journalistes de RFI. Une fois que le véhicule dans lequel ils se trouvaient est tombé en panne, à une douzaine de kilomètres de Kidal, "soit les deux otages ont essayé de profiter de ce moment pour essayer de fuir", "soit les ravisseurs n'ont pas voulu gêner ou ralentir leur fuite et ont préféré exécuter leurs victimes plutôt que de les laisser derrière eux, comportement malheureusement déjà rencontré chez Aqmi, significatif du peu de respect que ses membres ont pour la vie humaine", a détaillé François Molins.

François Molins a précisé que Ghislaine Dupont a été touchée par trois balles, dont la première, mortelle, à la poitrine. Claude Verlon a lui reçu sept balles. Aucune d'entre elles n'a été tirée à bout touchant. Les corps des journalistes se trouvaient à une quarantaine de mètres du véhicule lorsqu'ils ont été retrouvés par les militaires français.

Un mobile flou. Sur le mobile de ce rapt, le procureur n'a exclu aucune piste : "est-ce que c'est quelque chose qui est fait par hasard sur la base d'une directive générale (d'enlever des Français), est-ce que c'est quelque chose qui a été fait sur la base d'une directive précise donnée par le chef d'une katiba, est-ce que c'est quelque chose qui relève d'un comportement individuel de la part de gens qui étaient en difficulté avec un mouvement, personne ne pourrait répondre à la question", a-t-il reconnu.