Irradiés d’Épinal : de la prison ferme

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avec AFP , modifié à
Deux médecins et un radiophysicien ont été jugés coupables d'homicides et blessures involontaires.

>> L'INFO. Des peines de dix-huit mois de prison ferme contre deux anciens médecins de l'hôpital d’Épinal, dans les Vosges, et contre leur collègue radiophysicien ont été prononcées mercredi au  procès du plus grave accident de radiothérapie recensé en France. L'avocate de l'un des deux médecins, qui clame son innocence, a d'ores et déjà annoncé qu'elle souhaitait faire appel de cette décision.

Que s'est-il passé à l’hôpital Épinal ? Entre 2001 et 2006, près de 450 patients de l'établissement traités pour des cancers de la prostate ont été victimes de surdoses de radiation causées par deux dysfonctionnements distincts du service de radiothérapie de l'hôpital d’Épinal. Douze patients en sont morts, selon un dernier bilan communiqué au procès, à l'automne 2012.

irradiés d'Epinal, hôpital

Deux accidents distincts ont eu lieu : des erreurs de paramétrage d'un logiciel lors du passage à une nouvelle génération d'appareils en 2004 et l'absence de prise en compte, dans le calcul final des radiations, des doses délivrées lors des contrôles radiologiques précédant le traitement lui-même. Le premier dysfonctionnement a entraîné les surexpositions les plus graves, de l'ordre de 20%, sur 24 patients entre mai 2004 et août 2005. Le second a fait 424 victimes de surdoses atteignant entre 8 et 10% de 2001 à 2006.

Prison ferme et interdictions d'exercer. Six ans après les premières plaintes en 2006, les juges ont estimé le radiophysicien Joshua Anah, 54 ans, coupable d'homicides et blessures involontaires et soustraction de preuve. Ils l'ont condamné à une peine de trois ans de prison dont 18 mois ferme et 10.000 euros d'amende. Il lui est interdit d'exercer sa profession pendant cinq ans.

irradiés d'Epinal, hopital

Pour homicides et blessures involontaires, ainsi que non-assistance à personne en danger, les deux médecins radiothérapeutes Jean-François Sztermer, 64 ans, et Michel Aubertel, 62 ans, sont condamnés à 4 ans de prison dont 18 mois ferme et 20.000 euros d'amende chacun. Ils sont interdits définitivement d'exercer.L'un d'eux, dont l'avocate a fait part de son intention de faire appel, a clamé son innocence après le verdict : "je n'ai rien à me reprocher et mes patients le savent", a-t-il déclaré.

Le tribunal a relaxé les quatre autres prévenus poursuivis pour non-assistance à personne en danger : Francette Meynard, ex-directrice de la Ddass des Vosges; Jacques Sans, ancien directeur de l'agence régionale d'hospitalisation de Lorraine; Dominique Cappelli et l'établissement lui-même, jugé au titre de personne morale.

Pour les victimes, "justice a été rendue". "Je ne demandais pas de la prison ferme précisément mais c'est qu'ils doivent le mériter", confie Colette Vauthier, épouse de l'une des victimes, au micro d'Europe 1après le verdict. "Commettre une telle erreur médicale sur un si grand nombre de patients, c'est vraiment impardonnable",a-t-elle poursuivi, estimant que le verdict ne va pas "changer la vie quotidienne des malades, qui sont eux condamnés à perpétuité".