"Il y aura d'autres Merah"

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Par Chloé Triomphe et , modifié à
- La mère d'une victime s'est rendue là où habitait le "tueur au scooter".

Le 11 mars dernier, Imad Ibn Ziaten, militaire de carrière, perdait la vie à Toulouse sous les balles de Mohamed Merah. Le parachutiste est la première des huit victimes du "tueur au scooter".  Sa mère, Latifa Ibn Ziaten a été invitée mercredi à prendre la parole lors d'une cérémonie aux Invalides à l'occasion de la journée d'hommage national aux victimes du terrorisme. Au micro d'Europe 1, elle raconte comment, à l'occasion d'un séjour à Toulouse, elle s'est rendue dans le quartier où a grandi l'assassin de son fils.

"Il fallait que je vois toute cette haine"

Latifa Ibn Ziaten voulait comprendre. "Il fallait que je vois où a grandi ce jeune homme, pour voir toute cette haine", explique-t-elle. Elle s'est donc rendue sur place, dans le quartier d'origine de Mohamed Merah. Elle a alors aperçu un groupe de jeune et s'en est  approchée pour engager la conversation: "j'ai dit 'bonjour  est-ce que vous connaissiez Mohamed Merah ?'". Un jeune homme l'a alors fixée avec des "yeux froids". "Il m'a dit: 'Mohamed Merah, c'est le martyr de l'islam, c'est le héros'", se souvient Latifa. "J'étais en face d'eux et j'ai encaissé" ces mots durs dans ces lieux "déjà douloureux" pour la mère endeuillée. Ce qu'elle a vu à ce moment là, dans la manière dont ces jeunes lui ont répondu, "c'est qu'il y aura d'autres Merah", assure-t-elle.

Imad Ibn Ziaten témoigne : "Mohamed Merah n'est pas un exemple"

 

"Mohamed Merah n'est pas un exemple"

Latifa a fini par se présenter et leur a lancé : "je suis la mère de la première victime qui est tombée à Toulouse, ce n'est pas un exemple Mohamed Merah. C'est un assassin, il ne mérite même pas son prénom". Une révélation qui a le mérite de décontenancer ces jeunes qui se "tenaient  en face" d'elle  et se "regardaient", sans savoir "quoi dire".

"Voir mon enfant grandir"

Latifa ne se l'explique pas autrement : "Ces jeunes gens rencontrés à Toulouse ont ces idées dans la tête car ils n'ont rien d'autres pour s'occuper". Une expérience qui l'a poussée à créer l'association Imad Ben Ziaten pour la jeunesse et pour la paix dans le but de tendre une main aux jeunes en rupture dans les écoles, les quartiers déshérités et les prisons, pour qu'il n'y ait plus d'autres Merah. Et pour, en quelque sorte continuer de voir son "enfant grandir".