Il reçoit le rein de son compagnon

Souffrant de la maladie de Berger, Fabrice a reçu le 13 novembre dernier le rein de son compagnon.
Souffrant de la maladie de Berger, Fabrice a reçu le 13 novembre dernier le rein de son compagnon. © Max PPP
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Les spécialistes ont estimé que Fabrice entretenait un lien suffisamment stable avec son compagnon.

C'est une première en France. Un couple homosexuel vient d'entrer dans le protocole de don de vivant à vivant, pourtant sévèrement encadré par la loi de bioéthique. Fabrice, 42 ans, souffrant de la maladie de Berger, une pathologie auto-immune qui peu à peu a atrophié ses reins, a reçu récemment celui de son compagnon, Christian.

Une pathologie lourde. Depuis son adolescence, Fabrice souffre de la maladie de Berger. A l'époque, il est contraint de se faire dialyser trois par semaine, pendant quatre heures. "C'était terriblement contraignant", confie-t-il au Parisien. Fabrice était par exemple contraint de passer le plus souvent du temps ses vacances en France pour rester à proximité d'un centre de dialyse.

18 ans de tranquillité grâce à une greffe. Un jour, il apprend qu'un rein va pouvoir lui être greffé. "J'ai simplement su qu'il s'agissait d'un greffon d'une personne de 27 ans morte dans un accident sur la voie publique", raconte-t-il au journal. Une greffe qui marque ainsi la fin des dialyses à répétition. Mais au bout de 18 ans, ce rein de substitution n'est plus opérationnel, comme c'est généralement le cas des organes donnés post-mortem.

Son compagnon, seul proche compatible. Fabrice doit alors trouver un nouveau donneur. Sa sœur, sa mère et même sa cousine se proposent pour lui donner un rein. Mais après des examens, les trois femmes sont déclarées incompatibles avec Fabrice, le risque de rejet est trop grand.

Son compagnon, Christian, se propose alors pour être le donneur et se révèle être compatible. Un vrai choc. "D'un coup j'ai freiné, plein de questions m'ont assailli : ferais-je la même chose pour lui ? Lui qui est en pleine santé, dans quelle aventure est-ce que je l'entraîne ?", se souvient Fabrice.

Une greffe possible en cas de lien affectif étroit. Séances chez la psychologue, examens médicaux, formalités administratives sont alors nécessaires pour valider la greffe fixée au 13 novembre à l'hôpital Necker, à Paris. Depuis, les deux hommes vont "très bien".

En France, seuls les parents, jusqu'aux cousins germains peuvent donner l'un de leurs reins à un malade, mais aussi toute personne faisant la preuve d'un lien affectif étroit et stable avec le receveur. C'est donc notamment parce que Fabrice et Christian sont pacsés depuis plusieurs mois que la greffe a été acceptée par les services hospitaliers.