Il ne sera pas rayé des registres de baptêmes

René Lebouvier, âgé de 72 ans, souhaitait que son nom soit totalement effacé des registres de baptêmes. La cour d'appel de Caen ne lui a pas donné raison.
René Lebouvier, âgé de 72 ans, souhaitait que son nom soit totalement effacé des registres de baptêmes. La cour d'appel de Caen ne lui a pas donné raison. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul avec Noémie Schulz , modifié à
La cour d’appel de Caen a débouté mardi René Lebouvier, un septuagénaire libre penseur.

L’INFO.  René Lebouvier, qui ne tenait "plus du tout à être dans un registre catholique", n'a pas obtenu gain de cause. La cour d'appel de Caen a en effet annulé mardi une décision du tribunal de Coutances condamnant pour la première fois en France un diocèse à effacer un baptême. Agé de 72 ans, René Lebouvier, voulait que la mention de son baptême soit totalement effacée du registre paroissial.

Un combat de 10 ans. Depuis 2001, à sa demande, la mention "a renié son baptême" figure dans le registre paroissial à côté du nom de René Lebouvier. Cela ne l'a satisfait que quelques années. Mais pour la cour "la liberté de M. Lebouvier de ne pas appartenir à la religion catholique est (ainsi) respectée sans qu'il y ait lieu à effacement ou correction supplémentaire du document litigieux".

En colère contre le pape. A l’origine de la démarche de René Lebouvier, des propos tenus par le pape Jean Paul II, en 2005. "Le pape a été en Afrique et il a interdit le préservatif, en disant que c'était plus dangereux que le sida. Ce n'est pas normal", expliquait-il au micro d'Europe 1, avant l'arrêt de la cour d'appel. "C'est pourquoi j'ai voulu aller plus loin en demandant que mon nom soit totalement effacé des registres de baptêmes", soulignait-il.

L’Eglise ne l’entendait pas pas de cette oreille. De son côté, l'Eglise refusait formellement d'effacer le nom de René Bouvier des registres paroissiaux. Pour Maître Vincent Asselineau, l’avocat du diocèse de Coutances,  les choses sont très simples : il est impossible de faire comme si ce baptême, auquel des témoins ont assisté, n’avait pas eu lieu. "Ces registres de baptêmes sont utiles comme les registres d'état-civil sont utiles à la République", argumente Me Vincent Asselineau, interrogé par Europe 1. "Vous ne pouvez pas demander que l'acte de naissance de votre père ou de votre mère avec qui vous n'aviez pas de bonnes relations soit supprimé. Tout cela fait partie d'un registre qui est protégé par la loi", souligne l’avocat.

Des contre-exemples. Pour justifier sa position, l’Eglise rappelle également que si, tous les ans, plusieurs centaines de catholiques se font débaptiser, certains changent parfois d'avis, quelques années plus tard, pour se marier religieusement par exemple. Il est alors indispensable de pouvoir retrouver leur trace dans les registres.

Un pourvoi en cassation ? Reste que le bras de fer judiciaire pourrait encore se poursuivre. "Cette affaire, que cela vienne d'un côté ou de l'autre, ira en cassation", avait prévenu René Lebouvier avant l'arrêt de la cour d'appel de Caen. Le septuagénaire n'a pour l'instant pas fait part de ses intentions.