INFO E1 - Police scientifique, peut mieux faire

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MS et Guillaume Biet , modifié à
Les 3/4 des empreintes et des traces ADN relevées sur les petites infractions sont inexploitables.

Des dizaines de milliers d’empreintes et de traces ADN sont jetées chaque année à la poubelle, selon des informations d’Europe 1. La raison ? La plupart des relevés effectués, sur les infractions qui touchent un grand nombre de victimes - comme les cambriolages ou les vols de voitures -, sont inexploitables.

10.000 "experts low cost"

C’est pourtant pour résoudre un maximum d’affaires que le ministère de l’Intérieur a développé, depuis quatre ans, la Police technique et scientifique (PTS) de masse. Elle consiste à faire des relevés d’empreintes sur toutes les petites infractions. Problème : pour traiter un si grand nombre de délits, la direction de la sécurité publique fait faire ces prélèvements à de simples policiers.

Ils sont 10.000 "experts low cost", appelés policiers polyvalents, à ainsi pratiquer ces relevés en plus de leur mission habituelle. Ils sont formés à la va-vite, dénonce une vraie experte, Carole Dubustos jointe par Europe 1. Cette déléguée syndicale SNPPS (syndicat national des personnels de police scientifique) déplore que leur formation ne "dure que quatre jours. On leur apprend tout d’un bloc et ils n’ont pas le temps de pratiquer". En outre, explique-t-elle, les policiers formés ne sont pas toujours volontaires.

70% de prélèvements inexploitables

Résultat : par manque d'expérience, certains policiers polyvalents relèvent des empreintes digitales et des traces ADN qui sont inutilisables. C’est ce que constate  Nicole Héliès, secrétaire générale du SNPPS : "on s’est rendu compte qu’à peu près 70% des prélèvements effectués sur le terrain, après analyse, ne donnaient aucun profil".

Pour autant, ces analyses infructueuses ne coûtent pas plus cher à l’Etat, car les budgets d’analyse sont financés à l’avance dans le cadre de marchés publics.

Guéant pointe "l’augmentation" de réussite des enquêtes

La direction centrale de la sécurité publique reconnaît le problème mais préfère souligner les gros progrès en la matière. L’an dernier, 40,15% des cambrioleurs présumés interpellés ont été identifiés grâce au travail des experts. De son côté, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a souligné lundi matin, à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie, que les progrès de la police technique et scientifique avaient permis l' "augmentation" de réussite des enquêtes.

Si les prélèvements sur le terrain étaient de meilleure qualité, ces résultats seraient encore plus spectaculaires. Car en 2011, seuls 12,7% des cambriolages ont été élucidés, selon la DCPJ, alors que 92,77% des lieux cambriolés avaient fait l’objet de relevés d’empreintes.