Homophobie : Olivier et Wilfried face à leurs agresseurs

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avec AFP , modifié à
Les deux hommes, dont l'agression avait suscité l’émoi, vont faire face à leurs agresseurs présumés, mardi, devant le tribunal correctionnel de Paris.

L'agression sauvage dont ils avaient été victimes avait suscité l'émoi l'en dernier en plein débat sur le mariage gay. Olivier et Wilfred, deux homosexuels en couple, vont faire face à leurs agresseurs présumés, mardi, devant le tribunal correctionnel de Paris.

>> mise à jour mercredi à 18h30 : La procureure a requis une peine de trois ans de prison, dont un an de sursis, et une peine de 30 mois de prison, dont un an avec sursis, contre les deux agresseurs présumés du couple. Elle a par ailleurs requis une peine d'un an de prison, dont six mois avec sursis, contre un troisième homme accusé de ne pas avoir empêché la commission des faits. Le jugement a été mis en délibéré au 3 juin.

"Ah ! Des homosexuels !". L'agression s'était déroulée dans la nuit du 7 au 8 avril 2013, dans le XIXe arrondissement de Paris. "On venait de quitter une soirée joyeuse entre amis, c'était le printemps, on avait décidé de rentrer à pied et puis tout a basculé", raconte Wilfred. "Tout s'est passé très vite", a dit Olivier aux enquêteurs. Alors qu'ils sont "bras dessus, bras dessous", Olivier entend crier "Ah ! des homosexuels !", selon les enquêteurs. "Immédiatement après, il recevait un coup de poing au niveau de l’œil droit, d'un individu situé derrière lui", décrit une source judiciaire.

Pendant ce temps, Wilfred, pantalon rose et chaussures en daim bleu, est à terre. Plusieurs personnes lui assènent des coups au visage avant de prendre la fuite. Olivier se verra octroyer un jour d'incapacité totale de travail et Wilfred, cinq.

Une photo marquante publiée sur Facebook. De l'avalanche des coups qui est tombée sur le couple est restée une photo : le visage tuméfié de Wilfred. Le jeune homme avait diffusé la photo sur sa page Facebook, au lendemain de l'agression.

Wilfred de Bruijn qui a été victime d'une agression, et son ami, s'embrassent, lors d'une manifestation contre l'homophobie en avril 2013, à Paris.

© Max PPP

"J'espère que nos agresseurs vont dire la vérité et qu'ils vont comprendre l'horreur qu'ils ont causée", comment aujourd'hui Wilfred. "Nous avons des séquelles physiques et psychologiques, ils ont bouleversé nos vies", ajoute-t-il, un an après les faits. Il rappelle alors "les fractures crâniennes, la dent arrachée, le trou aux lèvres inférieures" qu'il a subis, les coups de pied dans le visage, la perte de conscience. Et les hématomes au visage d'Olivier.

Interpellés grâce aux témoignages et à la vidéo-surveillance. Quatre jeunes hommes, âgés de 17 à 20 ans avaient été interpellés cinq mois après les faits, en septembre 2013. Ils avaient été retrouvés grâce notamment à un témoignage anonyme et à l'exploitation d'une vidéo de surveillance. Deux d'entre eux comparaissent mardi pour violences volontaires en réunion en raison de l'orientation sexuelle de la victime. Un troisième pour "non empêchement de commettre un délit contre l'intégrité corporelle". Le quatrième, mineur au moment des faits, comparaitra devant un juge des enfants.

Un procès dans un contexte particulier. Cette audience se tient deux semaines après le procès d'un homme de 25 ans condamné à quatre mois de prison ferme à Paris pour l'agression particulièrement violente, et jugée homophobe, d'un couple d'homosexuels qui s'enlaçaient dans la rue. Le procès se déroule par ailleurs à quelques jours de la publication du nouveau rapport annuel de SOS Homophobie. Selon plusieurs sources, il fait état d'une augmentation significative des agressions homophobes en France en 2013 par rapport à 2012.

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