Haro sur le kit mains-libres

Le kit mains-libres pourraient être supprimés. Chez Shell, c'est déjà le cas, une expérience que l'entreprise considère commme concluante.
Le kit mains-libres pourraient être supprimés. Chez Shell, c'est déjà le cas, une expérience que l'entreprise considère commme concluante. © REUTERS
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avec Mélanie Taravant , modifié à
Les députés envisagent d’interdire le kit mains-libres. Des entreprises l'ont déjà fait.

La mission d'information parlementaire sur la Sécurité routière a publié mercredi son rapport : parmi les mesures phares proposées, les députés proposent de supprimer progressivement l’usage du téléphone au volant, et notamment les kit mains-libres.

En mai, un rapport de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) indiquait en effet que le "kit mains-libres et le mobile ordinaire entraînent quasiment le même niveau de distraction car téléphoner accapare l'attention du conducteur".

"Moteur allumé, portable coupé"

Mais certaines entreprises n’ont pas attendu une hypothétique nouvelle loi pour prendre des mesures vis-à-vis de leurs salariés. C’est notamment le cas de l’entreprise pétrolière Shell. Ce groupe a mis en place les "douze règles de sécurité pour sauver des vies", une procédure qui s’applique aux employés des 90 pays où l’entreprise est implantée.

La règle est claire : à chaque embauche, le salarié signe un contrat où il s'engage à ne jamais utiliser son téléphone en voiture, même avec un kit mains libres. Il reçoit alors une petite carte plastifiée qui lui rappelle les 12 règles de sécurité à suivre en toute situation.

Quelle que soit la situation, le téléphone est prohibé. La règle est la même lorsque les employés reçoivent un appel : s’ils entendent un bruit de voiture laissant penser que leur interlocuteur est au volant, ils doivent poliment raccrocher.

Pas de téléphone, même pour les chauffeurs de taxi

Ces règles, mises en place depuis 2004, sont devenues un réflexe et s’appliquent aussi aux sous-traitants de l’entreprise. Shell va même jusqu’à interdire l’usage du téléphone … lorsqu’un salarié prend un taxi.

"Si je vois le chauffeur de taxi qui téléphone, je vais intervenir et lui dire : ‘monsieur, s’il vous plaît, pouvez-vous couper votre téléphone ou alors vous vous arrêtez et je paierai le complément de course pour les cinq minutes où vous téléphonerez", témoigne Bruno, qui travaille pour Shell France. Si le chauffeur refuse, il demande à descendre et prend un autre taxi.

Un gain de sécurité et d’argent

Grâce à ces règles, l’entreprise n’a enregistré aucun accident parmi ses commerciaux depuis cinq ans, alors que ceux-ci parcourent en moyenne 40 kilomètres par jour, soit 60.000 kilomètres par an.

Outre les gains en termes de sécurité, les commerciaux le reconnaissent : en ne pouvant téléphoner qu’au cours de leur pause après deux heures de conduite, ils vont à l’essentiel et s’épargnent d’interminables discussions. "On est beaucoup plus efficaces avec des appels bien plus ciblés", explique Laurent Costa, directeur du réseau automobile, avant d’ajouter : "c’est vraiment du gagnant-gagnant". Cette règle présente enfin un autre avantage de taille : moins d’accidents, c’est aussi des économies non négligeables en matière de parc automobile et d’assurance.