Harcèlement sexuel au travail : une femme sur cinq concernée

Selon 58% des femmes interrogées, le harcèlement sexuel a augmenté depuis 1993.
Selon 58% des femmes interrogées, le harcèlement sexuel a augmenté depuis 1993. © MAXPPP
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Damien Brunon et Eve Roger
EXCLU - Selon une étude du Défenseur des droits, 58% des Françaises jugent que le fléau est plus répandu qu’il y a dix ans.

 

L’INFO. Cela fait  23 ans que l’on n'avait pas enquêté sur le sujet du harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Les résultats d’une enquête de l’Ifop pour le compte du Défenseur des droits, Dominique Baudis, révèle des résultats inquiétants. Europe1 vous en révèle en exclusivité les principaux enseignements. Une femme active sur cinq dit avoir été victime de harcèlement sexuel dans sa carrière. Parmi elles, les jeunes célibataires, dans une situation précaire et qui travaillent dans une univers masculin sont les plus touchées.

De la blague au chantage sexuel. Premier enseignement de cette étude, selon les femmes interrogées, le harcèlement sexuel commence dès les blagues potaches que l’on peut se raconter à table. Elles sont 57% à déclarer en être victime de manière fréquente sur leur lieu de travail.

Les autres types de harcèlement, plus rares, n’ont pas disparu. Ainsi, elles sont 16% à déclarer avoir déjà été victime de chantage sexuel pour une embauche ou une promotion et 14% à avoir déjà reçu des messages à caractère sexuel ou pornographique. Une Française sur dix déclare même travailler dans un lieu où des images pornographiques sont affichées.

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Qui harcèle ? Plus étonnant, le harcèlement n’est plus majoritairement pratiqué par les patrons ou les supérieurs hiérarchiques. Dans quatre cas sur dix, ce sont des collègues du même niveau qui sont à l’origine des dérives, une augmentation de 19% depuis la dernière étude de 1993. A l’inverse, les débordements perpétrés par les clients sont en net recul : cette situation est beaucoup moins citée par les victimes aujourd’hui.

Qui sont les victimes ? L’univers de travail joue un rôle important dans l’aggravation des risques de harcèlement. Ils interviennent généralement dans les structures les plus petites : un peu plus d’un quart des cas se sont déroulés dans des entreprises qui emploient moins de 20 salariés. Les cadres et les professions libérales sont également particulièrement touchées.

Les univers masculins sont aussi plus propices au dérives. 35% des femmes qui travaillent avec beaucoup d’hommes déclarent avoir été victimes de harcèlement quand elles ne sont que 14% dans les univers féminins.

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Harcelées et isolées. L’étude de l’Ifop note par ailleurs que lorsqu’elles ont été victimes de mauvais comportements, deux tiers des femmes n’ont pu compter que sur elles-mêmes pour s’en sortir. Un peu moins d’un tiers déclare même ne jamais s’être confiée à ce sujet.

Déjà victimes, 40% des victimes déclarent aussi avoir subi des conséquences négatives suite à leur harcèlement. Un tiers d’entre elles ont vu leur santé se dégrader, 28% ont subi un blocage dans leur carrière et 15% un non-renouvellement de leur contrat.

Pas assez de prévention. Sur cette thématique, l’absence d’action de sensibilisation sur le lieu de travail est jugée comme un manque par les femmes interrogées. Selon l’étude, 82% des entreprises n’ont pas mis en place d’action de prévention contre le harcèlement sexuel. La statistique est d’autant plus étonnante que la grande majorité (90%) des personnes questionnées par l’Ifop considère l’employeur comme l’un des principaux remparts pour éviter les dérives.

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