Gens du voyage : ce que risque Bourdouleix

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avec agences , modifié à
Le maire de Cholet peut être poursuivi pour "apologie de crime contre l'humanité". Des associations ont porté plainte.

"Hitler n'en a peut-être pas tué assez". Cette petite phrase signée Gilles Bourdouleix, au sujet des gens du voyage, ne devrait pas restée impunie. Les premières répercussions de ce dérapage commencent en effet à tomber. Exclusion de l'UDI, plaintes en série, justice saisie, le maire de Cholet risque de payer cher sa sortie de route.

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La justice saisie. "Sur la base de ces propos totalement inacceptables" et à la demande du ministère de l'Intérieur, le préfet du Maine-et-Loire a saisi le procureur de la République de Cholet. "La justice a été saisie parce que ces propos, c'est l'apologie des crimes de la Seconde Guerre mondiale, c'est l'apologie du nazisme, et dans la bouche d'un maire (...) c'est tout à fait insupportable", a commenté Manuel Valls sur iTélé. Le ministre de l'Intérieur a également indiqué qu'il souhaitait que les propos de Gilles Bourdouleix soient "très lourdement" sanctionnés.

Le procureur de la République à Angers, Yves Gambert, a annoncé mardi avoir ouvert une enquête préliminaire pour "apologie de crime contre l'humanité". Pour ce chef d'accusation, il risque cinq ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.

Le Courrier de l'Ouest porte plainte pour "diffamation". Le journal, qui a révélé lundi les propos de Gilles Bourdouleix, a porté plainte mardi pour "diffamation" et "dénonciation calomnieuse" contre l'élu, qui a mis en cause la véracité des faits rapportés par le journal. "On est attaqué, on répond, mais on est en guerre contre personne", a ajouté le rédacteur en chef du journal.

La Ligue des Droits de l'homme dépose (encore) plainte. Plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l'homme, envisagent également des poursuites contre l'élu. Au delà du dérapage, l'association reproche à l'élu de ne pas respecter la loi qui oblige toutes les communes de plus de 5.000 habitants à avoir une aire d'accueil.

La section du Maine-et-Loire de la Ligue des Droits de l'homme (LDH) a donc fait savoir qu'elle "saisira à nouveau la justice" si, suite à ces "nouveaux incidents", les propos attribués à Gilles Bourdouleix sont confirmés. Ce n'est en effet pas la première fois que le maire de Cholet est poursuivi par la Ligue des droits de l'homme, pour ses propos sur les tziganes.

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"On attaquera à chaque fois qu'un propos sera tenu". Même son de cloche du côté de l'association de défense de la culture tzigane qui demande à ce que les droits des gens du voyage soient reconnus, au même titre que ceux des autres citoyens français. "On veut que les gens du voyage soient respectés, comme tous les autres citoyens français. Ca fait deux mois que ça pète tous les jours. Il va se passer un truc, il va se passer un drame. Je rappelle que les gens du voyage sont 450.000 citoyens français", commente Louis de Gouyon-Matignon, le président de l'association.

Si l'association n'est pas une habituée des procédures judiciaires, elle assure que cette fois, elle portera plainte. " Il y a toujours quelque chose avec les gens du voyage. Les gens du voyage en ont marre. En général, on a l'habitude de taper sur les gens du voyage et personne ne dit rien. Nous, désormais, on se bat. Et on attaquera à chaque fois qu'un propos sera tenu. On va attaquer", martèle le président de l'association.

SOS Racisme veut des explications. De son côté, SOS racisme envisage également de porter plainte contre le maire. Pour l'heure, l'association demande seulement "une réaction urgente de la part des pouvoirs publics et étudie les suites juridiques à donner à cette affaire d'une extrême gravité. Il est nécessaire que la classe politique dans son ensemble prenne les mesures nécessaires pour mettre fin à la surenchère de propos racistes à laquelle nous assistons depuis de trop nombreuses années", écrit l'association dans un communiqué.