Furosémide : Teva contre-attaque

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Frédéric Frangeul avec Ariane Lavrilleux et Guillaume Biet , modifié à
- Les investigations menées au sein du laboratoire n'ont pas montré de dysfonctionnement. Ce dernier veut porter plainte contre X.

Des questions sans réponse. Aucun dysfonctionnement n’a été décelé au sein de la chaîne de conditionnement du Furosémide. Après deux jours d’investigation, les enquêteurs diligentés par l’Agence du médicament ont quitté mardi soir l’usine Teva de Sens, dans l’Yonne, sans pouvoir expliquer comment des somnifères ont pu prendre la place de diurétiques dans les boîtes de médicaments Furosémide. Le laboratoire Teva, convaincu qu’il a été victime d’un acte de malveillance, va déposer plainte contre X mercredi, selon les informations recueillies par Europe 1.

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Pas de défaillances techniques. De leur côté, les inspecteurs de l’Agence du Médicament ont poussé très loin leurs investigations au sein du laboratoire. Mis en plaquettes et en boîtes à Sens, les comprimés de Furosémide proviennent de Hongrie tandis que le somnifère "zopiclone provient d'Espagne". Des test pratiques ont permis de vérifier si un comprimé de somnifère pouvait passer dans les mêmes tuyaux qui acheminent les comprimés de Furosémide sur le tapis roulant. Les enquêteurs ont constaté que c’était impossible sans action humaine.

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30.000 boîtes récupérées. Face à ce constat, Teva pense avoir été la cible d’un acte de malveillance, particulièrement rusé, car les contrôles sont nombreux sur la chaîne de conditionnement. Sur les 190.000 boîtes de Furosémide Teva dont le rappel a été demandé par l’Agence nationale du Médicament, 30.000 ont déjà été récupérées. 700 d’entre elles ont été ouvertes et aucune ne contient de somnifère. 

"A ce stade, il n'y a qu'une seule boîte, la boîte identifiée à l'origine, qui porte la preuve d'un échange de médicaments", a indiqué mercredi Marisol Touraine, la ministre de la Santé, lors d'une séance de questions à l'Assemblée nationale. L'ANSM a précisé que l'ouverture de toutes les boîtes rappelées par Teva se poursuivait sous le contrôle d'un huissier.

Le management pas mis en cause. Accusée par d’anciens salariés de surcharger et malmener ses équipes pour pouvoir racheter à tour de bras des laboratoires, la direction de Teva se défend. Elle explique que ces critiques étaient justifiées par le passé mais que la stratégie a changé avec l’arrivée du nouveau PDG Erick Roche. De son côté, la CFDT confirme que les conditions de travail se sont améliorées et que les contrôles se sont renforcées.

Une enquête préliminaire ouverte. Reste maintenant à expliquer comment cette erreur d'emballage a pu se produire. Une erreur qui pourrait être liée à trois décès et à deux hospitalisations ces derniers jours. Les résultats des analyses toxicologiques n'étaient toujours pas connus mercredi soir. Ce qui signifie que pour l’instant, rien ne prouve que les victimes ont ingéré un somnifère à la place du Furosémide.

Pour en savoir plus, le pôle Santé a du parquet de Paris ouvert mercredi une enquête préliminaire, notamment pour tromperie aggravée et homicides et blessures involontaires, qui a été confiée à l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) et à la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN). Parallèlement, des enquêtes pour "recherche des causes de la mort" sont en cours localement pour chacune des victimes.