Fralib : les salariés bientôt fixés

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avec Yann Terrou , modifié à
La justice décide mercredi si elle les expulse de l’usine de Gémenos, menacée de fermeture.

Entamé il y a 598 jours, le conflit opposant la multinationale Unilever et ses employés du site de Gémenos, dans les Bouches-du-Rhône, doit prendre un tournant décisif mercredi. Le tribunal de grande instance de Marseille doit en effet rendre sa décision  vers 16 heures sur une éventuelle expulsion des salariés de Fralib, qui occupent leur usine pour en empêcher la fermeture.

En lutte pour conserver leur usine

En plein redéploiement de ses activités, Unilever a annoncé en septembre 2010 la fermeture du site de Gémenos, qui produit les sacs de thé Lipton pour la France. Unilever prévoit alors de déménager cette activité en Europe de l’Est mais se heurte rapidement à la résistance de ses 182 employés.

Le conflit s’est rapidement durci après l’appel de ces derniers au boycott des produits Lipton et l’annulation par la justice du plan social. Cette rupture du dialogue a abouti à l’occupation de l’usine par les employés afin d’empêcher le déménagement des machines.

Unilever dénonce une "opération commando"

La justice doit répondre mercredi à la demande d’expulsion déposée par Unilever. L’entreprise invoque "le respect du principe de libre circulation et de propriété" et dénonce "une agression physique inacceptable". Bruno Witvoët, le président d'Unilever France, a même dénoncé une "opération commando".

"Nous sommes dans un Etat de droit et nous attendons la décision avec confiance, compte tenu de l'action violente d'une soixantaine d'individus cagoulés et armés de matraques", a ^pour sa part accusé la directrice de la communication du groupe, Sophie Jayet.

Les employés demandent une table ronde

En face, un des avocats des employés met en avant un "acte légitime face à des pratiques irresponsables et mesquines" de la part de la direction. Ce conflit "doit entrer dans une nouvelle phase de discussions, dans le cadre d'une nouvelle politique économique et sociale. Il faut laisser du temps au temps", renchérit leur autre conseil, Me Dany Cohen.

Le syndicat CGT, largement majoritaire parmi les salariés de Fralib, réclame de longue date le maintien de l'outil industriel, dont le terrain et les bâtiments pourraient être préemptés, selon lui, par les collectivités locales, et une table ronde nationale pour mettre en place un projet de reprise de l'activité.

Les politiques appelés au secours

Outre la justice, les salariés attendent beaucoup du changement à la tête de l’Etat. Gérard Cazorla, secrétaire CGT du comité d'entreprise, a confié "espérer que le gouvernement entre vite en action et s'occupe de notre dossier", rappelant que François Hollande leur avait apporté son soutien à plusieurs reprises.

Une des proches du nouveau président, la conseillère générale PS Marie-Arlette Carlotti, avait d'ailleurs fait le déplacement au tribunal. "C'est une entreprise emblématique, j'ai pas la solution dans la poche, mais on les a soutenus depuis le début. Je ferai en sorte, dès que je connaîtrai le nom du ministre du Travail et de l'Industrie, de demander une table ronde parce qu'il faut écouter le projet alternatif des salariés", a promis l'élue.