Fiona, Typhaine : la mécanique du mensonge

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Frédéric Frangeul , modifié à
DECRYPTAGE - L’attitude de la mère de Fiona rappelle celle des parents de Typhaine en 2009.

Des mécanismes psychologiques. Après avoir affirmé pendant des mois que leur fille Fiona avait disparu le 12 mai dernier dans un parc à Clermont-Ferrand, Céline Bourgeon et son compagnon ont avoué mercredi durant leur garde à vue la mort de la fillette, âgée de 5 ans, dans des circonstances qui restent à déterminer. Cette affaire interroge sur les mécanismes psychologiques qui poussent des parents à mentir ouvertement pour masquer une terrible réalité.

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Une situation terrible. "Dans la majorité des affaires d’infanticide, les enfants sont tués par leurs proches", prévient d’emblée le Dr Pierre Lamothe, psychiatre et criminologue, contacté par Europe1.fr. "Mais être responsable de la mort d’un enfant est une situation terrible à assumer. Pour cette raison, les coupables plongent parfois dans un délire d’innocence", précise ce spécialiste. "Le délire d’innocence est un mécanisme qui permet au coupable de continuer à vivre", poursuit le Dr Pierre Lamothe. "Il parvient à se convaincre lui-même que ça n’a pas pu arriver ou que c’est un autre qui a commis les faits".

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"Personne ne peut imaginer la souffrance et l'atrocité que c'est de se faire enlever un enfant", confiait Cécile Bourgeon, en mai dernier, devant les caméras de France 3 :

Son compagnon, lui, n'avait pas hésité à s'en prendre directement aux journalistes, les accusant d'exploiter leur malheur. "Laissez-nous tranquilles! On aimerait avoir la paix! [...] On a fait 48 heures d'audition. C'est bon quand même! On est en train de péter un plomb. Nous-mêmes on veut retrouver notre gamine, on ne sait pas où est notre pépette [Fiona]! Vous croyez quoi ?!", leur avait-il asséné le 14 mai dernier :

La mémoire s’efface. "C’est un réflexe d’autodéfense", précise pour sa part  la criminologue Sylvia Bréger, "car il est très dur de supporter la mort d’un enfant". Ce réflexe peut ensuite prendre ensuite la forme d’un déni de la réalité. "Pour être crédible, on s’enferme dans la croyance de son propre mensonge. Et une fois que le scénario est mis en place, on ne peut plus revenir en arrière", poursuit cette spécialiste du langage non verbal.

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"Elle va être retrouvée".  En 2009, Anne Sophie-Faucheur avait exprimé sa détresse devant les journalistes en lançant un appel à témoins pour retrouver sa fille Typhaine, âgée de 5 ans, et prétendument disparue dans une rue de Maubeuge. "On ne sait rien sauf que Typhaine nous manque et que ça, on en est sûrs, elle va être retrouvée", avait-elle alors expliqué, en détaillant le parcours qu’elle avait emprunté le jour de la disparition de sa fille. Six mois plus tard, la mère de Typhaine avait finalement avoué la mort de sa fille, victime de maltraitances, et dont le corps avait été enterré dans une forêt en Belgique.

Disparition de Typhaine : témoignage de la mamanpar lobservateurdelavesnois

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"Ma fille ne serait jamais partie comme ça". Dans l’affaire des disparues de Perpignan, avant de se suicider, c’est un père en larmes qui avait témoigné dans une vidéo pour écarter les soupçons à son égard et exprimer sa détresse, en expliquant que sa fille Allison était "sa vie". "Ma fille ne serait jamais partie comme ça sans donner de nouvelles, c'est impossible", expliquait Francisco Benitez.

Depuis, les enquêteurs ont retrouvé des traces ADN de la fille et de la femme un congélateur utilisé par Francisco Bénitez, et les indices de culpabilité se multiplient à l’encontre de celui qui était le père et le mari des deux disparues.  

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"L'affaire Fiona n'est pas le mensonge d'une femme seule", décryptait Roland Coutanceau, jeudi, dans Europe Midi :