Fessenheim : le réacteur n°2 bon pour le service

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Thomas Morel avec Aurélien Fleurot et Frédéric Michel , modifié à
La plus vieille centrale en activité pourra fonctionner jusqu'en 2022, a annoncé l'Autorité de sûreté nucléaire.

L'info. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a autorisé lundi EDF à poursuivre l'exploitation du deuxième réacteur nucléaire de la centrale de Fessenheim pour dix années supplémentaires. La plus vieille centrale française en activité, qui a fêté l'an dernier ses 35 ans d'exploitation, pourra donc fonctionner jusqu' en 2022. Seule condition : EDF devra effectuer avant fin 2013 quelques travaux, pour garantir la sécurité du site.

Des travaux à mener. L'ASN ne donne donc pas de blanc-seing à EDF pour continuer l'activité à Fessenheim. Comme pour le premier réacteur, qui avait été autorisé à fonctionner dix ans de plus en juillet 2011 sous réserve de travaux, EDF devra moderniser le réacteur numéro deux.  "D'une manière générale, la conception identique des deux réacteurs situés sur le même site a conduit à imposer au réacteur n°2 des prescriptions semblables à celles du réacteur n°1", explique l'ASN dans son communiqué. L'Autorité demande concrètement que de nouvelles mesures de sécurité soient prises pour éviter un drame similaire à celui de Fukushima en cas de tremblement de terre.

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30 millions d'euros de travaux. Pour EDF, cette mise à niveau aura un coût certain. Les travaux menés sur le premier réacteur ont coûté à l'électricien au moins 30 millions d'euros : 10 millions pour installer un nouveau dispositif de pompage dans la nappe phréatique destiné à refroidir le réacteur en cas d'accident "ultime", et un minimum de 20 millions supplémentaires pour renforcer la structure et éviter qu'en cas d'accident grave les produits radioactifs ne percent la dalle en béton.

L'inactivité a également un coût. Comme les centrales thermiques, les centrales nucléaires ne sont jamais totalement arrêtées et doivent rester sous surveillance constante. Une journée de production en moins pendant les travaux représente pour EDF un manque à gagner de l'ordre d'un million d'euros.

Le débat sur l'avenir de la centrale relancé. Dans ces conditions, plusieurs associations anti-nucléaire demandent que la fermeture de la centrale soit prononcée une bonne fois pour toute. C'était d'ailleurs une promesse de campagne de François Hollande, qui s'était engagé à fermer Fessenheim avant la fin 2016. Michèle Rivasi, députée européenne et membre d'Europe Ecologie - Les Verts, explique au micro d'Europe 1 : "La dalle de béton sous les réacteurs est trop mince. Si on veut les faire continuer jusqu'en 2016, les risques de contamination de la nappe sont importants. Mais comme on veut fermer la centrale en 2016, à quoi bon mettre autant d'argent ?"

Un avis qui n'est pas partagé par tout le monde. Rodolphe Percet, délégué CFE-CGC de Fessenheim, estime ainsi que "le rapport de l'ASN confirme que la centrale est à la fois rentable et sûre". "Dans ces conditions, on peut s'interroger sur l'opportunité de mettre à la casse cinq milliards d'euros de matériel en état de marche", explique-t-il pour Europe 1. "Les consommateurs payeront, s'il le faut..."

La fermeture prendra du temps. Mais même si le président tenait son engagement, Fessenheim fonctionnerait encore plusieurs années : selon l'ASN, un délai de cinq ans environ est nécessaire pour que le dossier de fermeture définitive soit examiné et approuvé. "Or jusqu'à présent, EDF ne fournit aucun document. Donc il faut que le président intervienne, pour contraindre l'entreprise à transmettre le plan d'arrêt de la centrale", insiste encore Michèle Rivasi.