Expulsion polémique de Roms à Montreuil

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avec Frédéric Michel , modifié à
Environ 70 personnes ont été évacuées samedi par la police. Dont la méthode est contestée.

C’est dans ménagement, au petit matin, que les forces de l’ordre sont intervenues dans un bâtiment de Montreuil pour évacuer près de 70 Roms qui y avaient trouvé refuge depuis deux jours. Seize d’entre eux ont été interpellés, avant d’être libérés dans l’après-midi, avec obligation de quitter le territoire français (OQTF) dans un délai d’un mois.

"C’est monstrueux"

Peu avant, plusieurs enfants criant "libérez nos papas!" s'étaient regroupés avec leurs mères près du commissariat. "Ils sont arrivés à 6 heures, défonçant la porte et criant. Ils nous ont ordonné de sortir, sans nous laisser le temps de manger ou de nous laver", raconte une des femmes, Gabi, aux côtés d'une quarantaine de manifestants. "Ils nous ont séparés, mettant les hommes d'un côté, les femmes et les enfants de l'autre, nous menaçant de nous enlever nos enfants dès que nous tentions de protester, et ils ont embarqué tous les hommes".

Cette méthode d’expulsion est critiquée jusque dans les rangs de la majorité. C’est avec une virulence rare que Jean-Pierre Grand, député UMP de l’Hérault, a réagi. "C’est la méthode des rafles. Les hommes d’un côté, les femmes et les enfants de l’autre, c’est monstrueux. On n’a pas vu ça dans la région parisienne depuis les années 1940", s’est emporté ce proche de Dominique de Villepin au micro d’Europe 1. "Ce n’est pas en faisant des charges de police violente et inhumaines qu’on va régler le problème. Le gouvernement n’a rien à gagner dans cette affaire. Il se colle une image abominable."

Ecoutez Jean-Pierre Grand :

Brice Hortefeux a indiqué jeudi que plus de 40 camps illégaux de Roms avaient été démantelés en 15 jours, soit "700 personnes" qui "devraient être reconduites dans leur pays d'origine", Roumanie ou Bulgarie. Le ministre de l’Intérieur doit recevoir "la semaine prochaine" à Paris deux membres du gouvernement roumain, le secrétaire d'Etat chargé de la Réinsertion et celui chargé de l'Ordre et la Sécurité publique.

Cette accélération des expulsions "accentue l'errance et la précarité" des gens concernés, a déploré samedi Michèle Mézard, du collectif RomEurope. Certains, dans la région de Saint-Etienne, "se cachent désormais dans les bois", a-t-elle ajouté. "On expulse les gens, et après c'est : "Débrouillez-vous!"", confirmait le docteur Bernard Moriau, de Médecins du Monde.