Evasion fiscale : elle rapatrie son argent en petites coupures

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Frédéric Frangeul avec Chloé Triomphe
TEMOIGNAGE E1 - Justine a effectué plusieurs trajets entre la France et la Suisse depuis des mois.

Des allers-retours en Suisse. A l’heure où des milliers d’évadés fiscaux français ont décidé de régulariser leur situation, certains Français ont opté pour une solution plus directe pour rapatrier leur argent placé en Suisse, en toute discrétion. C’est le cas de Justine, une retraitée française qui a effectué de nombreux trajets en Suisse pour vider le compte non déclaré dont elle a hérité à la mort de ses parents. Europe 1 l’a accompagné sur l’un d’entre eux.

Les conseils de la banquière. Alors que l’Etat français s’est lancé dans une chassé aux exilés fiscaux, Justine a senti la pression des banquiers suisses s’accentuer ces derniers mois. "A l’automne, ma conseillère m’a demandé de venir la voir. Elle m’a dit que l’administration française commençait à s’agiter. Ça m’a un peu inquiété", explique-t-elle. "Elle m’a dit que je pouvais aller de mon propre chef aller déclarer ce compte. Elle m’a aussi vivement conseillé de retirer cet argent petit à petit avant Noël", précise la retraitée. Une dernière option choisie par Justine pour récupérer les quelques 150.000 euros présents sur ce compte.

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Jamais plus de 8.000 euros. Plusieurs fois par mois, Justine a effectué des allers-retours entre la France et la Suisse, avec de l’argent en cash, bien rangé dans son sac. Par prudence, la retraitée ne transporte jamais plus de 8.000 euros à chaque trajet pour rester en deça du maximum légal autorisé, en cas de contrôle douanier. Malgré cela, elle a toujours un sentiment de malaise au moment de passer la frontière avec cet argent non déclaré. "Personnellement, je n’aurai jamais pensé faire cela", explique-t-elle à Europe 1. Et Justine d’ajouter : "il n’y a quand même pas beaucoup d’argent sur ce compte. Je ne pense pas être parmi les personnes que vise le fisc français".  

La peur du gendarme. Le total de l’argent déposé en Suisse par les évadés fiscaux est estimée entre 60 et 80 milliards d’euros, répartis sur plusieurs centaines de milliers de comptes non déclarés. Depuis juin, selon le ministère de l’Economie, 8.500 dossiers de régularisation ont été déposés aux services de Bercy. Souvent motivés par la peur du gendarme. Car, la fraude fiscale peut entraîner des peines allant jusqu’à cinq ans de prison. De quoi faire réfléchir les "petits" fraudeurs.

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