Essex : la direction toujours retenue

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Les négociations avec les salariés ont échoué vendredi, la direction a saisi la justice.

Une nouvelle forme de contestation sociale ? Après les salariés de Sodimatex il y a 15 jours et ceux de Poly Implant Prothèse, la semaine dernière, ce sont ceux d’Essex qui optent pour la méthode forte. Une trentaine de salariés de l'usine à Mâcon, qui fabrique du fil de cuivre émaillé, retiennent le directeur de l'usine et le directeur des ressources humaines depuis mercredi.

Les négociations sont si mal engagées que la direction d'Essex a déposé vendredi une assignation en référé pour tenter d'obtenir l'évacuation du site. Les élus CGT d'Essex ont répondu par communiqué, dénonçant "la seule suite que le pouvoir semble savoir donner: la menace, la violence et le discrédit des salariés qui se battent pour leur dignité".

Echec des discussions

Une réunion de conciliation organisée jeudi entre les salariés d'Essex et les deux directeurs retenus a échoué. "Nous avons rencontré la direction, au côté de l'inspection du travail, pour sortir de cette situation. Nous avons fait des propositions concrètes. Nous nous sommes vus opposer une fin de non-recevoir", a déclaré Sylvain Robin, négociateur des salariés, dans la cour de l'usine, à sa sortie de cette réunion organisée sous l'égide de l'inspection du travail.

"La volonté du personnel est d'avancer dans les négociations. Le groupe Essex entend sacrifier l'outil de production. Il porterait la responsabilité complète et totale d'éventuels débordements", a-t-il ajouté. "Ma mission est de faciliter la négociation", a précisé Anne Dossier, inspectrice du travail, présente à la réunion, refusant de donner plus de détails sur le contenu des discussions interrompues. "La direction ne souhaite pas s'exprimer", a déclaré Olivier Dalicieux, le directeur de l'usine depuis le bureau où il est retenu.

Christian Estrosi, ministre délégué à l'Industrie, a jugé vendredi "inacceptable et révoltant" le comportement des salariés, avant d'affirmer qu'une médiation de l'Etat ne pourrait avoir lieu qu'à la condition unique que les dirigeants soient relâchés. Le ministre délégué s'est déclaré "profondément choqué par le comportement d'une petite minorité de salariés qui retient en otage, depuis deux jours deux dirigeants de la société Essex dans le but d'obtenir de l'argent sous forme d'indemnités de départ de 120.000 euros par salarié".

Plan de sauvegarde de l'emploi insuffisant

"La direction a annoncé la fermeture du site le 29 mars, lors du comité central d'entreprise à Paris. Le plan de sauvegarde de l'emploi proposé est insuffisant. Nous demandons que la prime supra-légale soit portée de 30.000 à 120.000 euros par salarié", a déclaré un syndicaliste CGT d'Essex.

Les syndicats affirment que les salariés sont prêts à jeter dans la Saône l'équivalent d'un demi-million d'euros de matériel. "La menace est une impasse", a réagi jeudi le ministre de l'Industrie Christian Estrosi sur LCI, ajoutant : "Et d'ailleurs en parler c'est faire la promotion d'un comportement qui n'est pas acceptable".