Épidémie de tuberculose dans le 93

Le quartier du Chêne-Pointu, à Clichy-sous-Bois, est l'une des zones les plus pauvres de France.
Le quartier du Chêne-Pointu, à Clichy-sous-Bois, est l'une des zones les plus pauvres de France. © SEBASTIEN KREBS/EUROPE 1
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avec AFP
Une vingtaine de cas ont été détectés dans un quartier pauvre de Clichy-sous-Bois.

"La tuberculose ne frappe pas au hasard", avait déclaré la secrétaire d'Etat à la Santé en mars, pendant la Journée mondiale contre la tuberculose. Les faits lui donnent raison : une vingtaine de cas de cette maladie potentiellement grave ont été détectés dans un quartier pauvre de Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Des adultes et des enfants du quartier du Chêne-Pointu sont ainsi touchés et une trentaine d'infections latentes ont également été découvertes.

Les cas ont été découverts grâce à un dépistage organisé pendant l'été. Les services sanitaires ont en effet repéré plusieurs cas de tuberculose à des adresses très proches. Une seconde vague de recherche de cas doit d'ailleurs être organisée : du 28 septembre au 14 octobre, les habitants du quartier pourront ainsi se faire dépister gratuitement, sur la base du volontariat.

Des enfants touchés

Fait rare, des enfants sont touchés. "D'habitude, ce sont plutôt des adultes qui ont vécu longtemps à l'étranger dans des conditions difficiles. Et il y a une bonne couverture vaccinale en France et en Seine-Saint-Denis en particulier", fait remarquer Bernard Kirschen, délégué territorial de l'Agence régionale de santé dans le département.

La tuberculose, très contagieuse et potentiellement grave, se soigne avec des antibiotiques. Elle est loin d'être éradiquée : cette maladie "qui a une très mauvaise image, liée au XIXe siècle", a touché 5.276 personnes en 2009. Les régions les plus touchées sont la Guyane et l'Île-de-France, particulièrement la Seine-Saint-Denis. Rien d'étonnant à cela, puisque la maladie frappe les plus pauvres.

Logements dégradés

La tuberculose est "liée à des conditions sociales et d'habitats dégradées, c'est un marqueur de pauvreté sociale", répète le directeur de la santé publique à l'ARS d'Île-de-France. Le quartier du Chêne-Pointu, qui compte 6.000 habitants, est justement l'une des zones les plus pauvres de France. C'est là, en 2005, qu'avaient démarré les émeutes de l'automne 2005.

Connu pour ses logements dégradés, il est en proie aux marchands de sommeil. 70% des familles, pour beaucoup des immigrés d'Afrique sub-saharienne, vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Le tout à seulement quinze kilomètres de Paris.

Appel de la mairie

Dans un communiqué, la mairie a déploré "les conditions sociales et sanitaires de ce quartier, et la surpopulation dans les logements, [qui] pourraient être un des facteurs contribuant à cette multiplication de cas de tuberculose".

Le maire PS, Claude Dilain, a lancé "un nouvel appel pour une intervention publique rapide ambitieuse et adaptée aux enjeux de ces résidences".