Elkrief: "les journalistes pris à partie"

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Marion Sauveur , modifié à
Avec Thierry Arnaud, la journaliste de BFM a été la cible d'insultes lors d'un meeting de Sarkozy.

Insultes et crachats ont fusé jeudi sur les journalistes qui couvrent pour BFM TV la campagne de Nicolas Sarkozy. Ruth Elkrief et son collègue Thierry Arnaud ont subi les injures des militants UMP à la fin du meeting de Toulon du président-candidat, obligeant la chaîne à interrompre le direct pendant quelques minutes.

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"On nous a traités de vendus, de collabos"

Deux bouteilles remplies d'eau ont été projetées sur les journalistes durant l'antenne, l'une atteignant même Thierry Arnaud au visage. Ruth Elkrief a expliqué qu'une trentaine de militants "énervés" les avaient insultés. "On nous a traités de 'vendus', de 'collabos', il y a eu des crachats, quelqu'un disait 'on est de droite et fiers de l'être'", a-t-elle détaillé. La journaliste de BFM TV n'a pas souhaité "en faire une affaire", affirmant qu'il ne s'agissait de "rien de trop grave".

"Je n'ai aucun doute sur le fait que ce comportement n'est pas le reflet de la campagne mais je regrette quand même que les dénonciations à répétition de la presse aux meetings (de l'UMP) puisse produire ces effets", a-t-elle indiqué, précisant que son collègue avait été régulièrement "molesté, un peu à chaque meeting".

"Il faut comprendre l'exaspération des auditeurs"

Interrogé sur ces incidents, le chef de l'Etat n'a pas souhaité les condamner sur Europe 1 vendredi matin. "Si on a fait des remarques désagréables à Ruth Elkrief, j'en suis désolé pour elle et j'espère que sa sensibilité n'en souffrira pas trop", a répondu Nicolas Sarkozy.

Le président-candidat a par ailleurs défendu ses partisans : "je voudrais que chacun comprenne aussi l'attitude des gens qui sont exaspérés par une forme d'intolérance et de parti pris. C'est toujours mal et je condamne toute personne qui s'en prendrait verbalement à un journaliste. Je demande simplement aux journalistes de comprendre parfois l'exaspération des auditeurs". Enfin, lorsque Bruce Toussaint a demandé au chef de l'Etat s'il y avait un problème avec les médias, Nicolas Sarkozy a alors répondu : "qui pourrait en douter ?".

Une attitude qui a étonné Ruth Elkrief. Sur l'antenne d'Europe 1, la journaliste de BFM TV s'est dite "un peu surprise". "Je pense qu'il aurait pu condamner ce qui s'est passé. Les journalistes sont un peu pris à partie, alors qu'ils font leur travail de façon objective, sérieuse et concentrée", a-t-elle expliqué. Et Ruth Elkrief de déplorer que le discours de Nicolas Sarkozy "peut être dangereux et peut avoir des conséquences sur des esprits plus échauffés en fin de meeting. La preuve".

Une journaliste de Mediapart déjà violentée

Ce n'est pas la première fois que les militants UMP prennent à partie un journaliste durant la campagne. Mardi dernier, c'est Marine Turchi de Mediapart qui aurait été violentée au meeting de Nicolas Sarkozy au Trocadéro. Elle a expliqué avoir été bousculée et "traitée de sale gauchiste". Elle a annoncé qu'elle déposait plainte contre X.

Les journalistes ne sont pas uniquement la cible de militants UMP. Le 1er mai dernier, au coeur du cortège parisien syndicaliste, Jean-Luc Mélenchon a lancé à un journaliste du Petit Journal de Canal +, qui lui demandait ce que représente pour lui le 1er mai, "ça ne vous regarde pas, c'est pas pour vous. C'est la classe ouvrière, c'est la gauche. Au revoir, allez-vous en ! Vous êtes la vermine Front national. Allez hop ! du balai... Laissez pas le Front national approcher les camarades. Jetez ça ! Ça va les fachos ? Allez à votre manif là-bas, à Jeanne d'Arc".