Éducation : "Avant tout, mieux former les enseignants"

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Jean-Pierre Elkabbach avec Noémi Marois , modifié à
INTERVIEW E1 - Eric Charbonnier, expert en éducation auprès de l'OCDE, était mardi l'invité d'Europe 1.

Eric Charbonnier est expert en éducation auprès de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L'organisme international publie le classement Pisa qui évalue le niveau scolaire en maths et en français des élèves de quinze ans dans 65 pays. En 2012, la France ne s'est placée qu'à la 25ème place, derrière de nombreux pays européens.

Les rythmes scolaires, "tout le monde a tord". "Ce n'est pas une question majeure", selon Eric Charbonnier. C'est "un débat français" car ailleurs, la semaine de cinq jours est répandue. "Tout le monde a tord" selon lui car ce qui compte, c'est "la qualité des cours" et beaucoup d'autres réformes en attente, comme celle de la formation des encadrants, qui sont plus importantes.

"20% d'élèves en échec scolaire". Selon l'expert, "le système français est basé sur les élites" et il n'y a "aucune seconde chance pour ceux qui sortent sans qualification". L'éducation prioritaire est un échec selon lui. 

"Mieux former les enseignants". Pour améliorer un système éducatif, il faut d'abord mieux former les professeurs. L'expert souligne que les professeurs sont "emprisonnés dans les programmes", longs et lourds. Ils n'ont pas le temps de gérer les différences de niveaux entre élèves.

Dans les établissements de zone prioritaire, Eric Charbonnier préconise de donner plus d'autonomie aux directeurs, afin par exemple de choisir eux-mêmes leurs enseignant. Il conseille aussi de mieux rémunérer les professeurs débutants qui démarrent leurs carrière dans ces zones : "au Brésil, les enseignants des zones d'éducation prioritaire sont payés 60% de plus".

Dès le primaire, ça se gâte ? Si l'expert souligne la réussite de l'école maternelle française, il explique que dès l'école primaire, l'origine sociale des élèves se ressent sur leur scolarité. Le primaire bénéficie aussi d'instituteurs moins expérimentés et de moins de moyens financiers, par rapport au collège.

Le retard pris en primaire "se répercute ensuite tout au long de la scolarité". Les élèves originaires des classes sociales favorisées sont donc les plus nombreux à avoir accès aux grandes écoles.

Pour mettre fin aux lacunes de l'école primaire, l'expert conseille plutôt "la qualité que la quantité", même si la création de postes va en soi "dans le bon sens".