Disparition de Fiona : quand les parents sont suspectés

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Frédéric Frangeul , modifié à
ZOOM - Les parents de Fiona, disparue depuis le mois de mai, ont finalement avoué.

Plus de quatre mois après la disparition de Fiona, une fillette de 5 ans, dans un parc de Clermont-Ferrand, les enquêteurs ont placé la mère et le beau-père de l'enfant en garde à vue, au cours de laquelle ils sont passés aux aveux. Quelles sont les stratégies employées par les enquêteurs pour faire jaillir la vérité quand des soupçons pèsent sur les parents dans ce type d’affaires ? Europe1.fr a contacté plusieurs spécialistes pour répondre à cette question.

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Avoir un dossier solide. "L’idéal est de s’appuyer sur un dossier solide et une équipe d’enquêteurs qui maîtrise parfaitement son sujet", prévient d’emblée le consultant en criminologie Michel Roussel. "Ensuite, il est utile d’avoir fait, en amont, une étude psychologique des suspects, notamment en utilisant les écoutes. Car il faut être apte à comprendre et cerner les personnes qui vont être interrogées", ajoute-t-il. C'est d'ailleurs ce qu'on fait les enquêteurs dans le cadre de l'affaire Fiona.

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Ne pas humilier le suspect. "Le travail des enquêteurs consiste à communiquer et recevoir, et non pas à juger ou se défouler", ajoute Michel Roussel. Pour faire émerger la vérité, "il ne faut jamais humilier les suspects", précise pour sa part le criminologue Pierre Lamothe. "Dans le cas où des parents sont responsables de la mort de leur enfant, leur détresse peut être tout à fait authentique", souligne-t-il.

Ne pas solliciter d’aveux. La manière de formuler les questions est primordiale durant une garde à vue. "Il ne faut pas solliciter d’aveux mais plutôt demander "qu’imaginez-vous qu’il s’est passé ?", explique Michel Roussel. "Pour déculpabiliser le suspect, il est aussi préférable d’évoquer un accident ou la malchance, plutôt que de parler d’un crime, car, dans les cas de suspicion d’infanticide, le verrou à faire sauter est important", précise cet ancien gendarme.  

"Il ne faut pas asséner aux suspects : "racontez-moi tout" mais plutôt "est-il arrivé quelque chose que vous ne désiriez pas"", abonde le criminologue Pierre Lamothe. "Dans le même ordre d’idée, la question à poser n’est pas : "Est-ce que vous l’avez fait ?" mais "Est-ce que vous savez comment cela s’est passé ?", qui permet de rassurer le suspect en lui offrant une porte de sortie".

Scruter les réponses. L’attitude d’un suspect face aux questions qu’on lui pose est également riche d’enseignements. Pour Pierre Lamothe, "un innocent accepte d’être confus et n’a pas réponse à tout. Il n’a pas à cacher la vérité et, en conséquence, peut d’avoir des trous de mémoire. Ce qui n’est généralement pas le cas d’un coupable qui, lui, vole au secours de l’explication", conclut-il.