Dioxine : déception des victimes

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avec Fabienne Le Moal , modifié à
Les parties civiles ont exprimé leur écœurement, suite au refus d’entendre d'anciens élus.

La première journée du jugement du scandale écologique de la dioxine a été chahutée. Lundi, l’affaire était devant la justice à Albertville. Alors que les citations directes de l’ancien préfet de Savoie, Pierre-Etienne Bisch, et d’Albert Gibello, ancien maire d’Albertville et ex-président du syndicat intercommunal propriétaire de l'incinérateur (Simigeda), étaient demandées par les parties civiles, celles-ci n’ont pas été retenues.

Le tribunal a mis en délibéré sa décision au 23 mai sur la recevabilité de ces citations, alors que le procureur a requis leur irrecevabilité. "On ne peut pas poursuivre pour les mêmes faits des personnes ayant bénéficié d'un non-lieu ou d'une annulation de mise en examen, en l'absence d'éléments nouveaux", a argumenté le procureur de la République.

"Circulez, y a rien à voir"

La décision a été qualifiée de "mascarade" par les associations de riverains. "C'est une honte, pour les gens qui sont malades, et ceux qui vont être malades. On continue à organiser l'impunité de tous ces gens qui ont adoré être au pouvoir mais qui ne veulent pas assumer leur responsabilité", a lancé Dominique Frey, co-présidente de l'Association citoyenne active de lutte contre les pollutions (Acalp), au micro d’Europe 1. "Circulez y a rien à voir, tout va bien, alors continuons à polluer. Qu'ils continuent à débattre, mais sans nous !", a-t-elle ajouté, en colère.

Les associations ont en effet déplié les tentes qu’elles avaient installées devant le tribunal et quitté le procès, afin d’exprimer leur écoeurement.

L’accusé porte plainte

L'exploitant, Novergie Centre-Est, filiale de Suez Environnement, seul jugé en tant que personne morale pour non-respect des normes environnementales, au côté d'un ex-directeur, a, lui, annoncé lundi sa décision de porter plainte contre le Simigeda pour "entrave à la justice et organisation frauduleuse de l'insolvabilité".

Un procès pénal pour un scandale

Le procès de cet exploitant d'un incinérateur de déchets en Savoie pour pollution à la dioxine était une affaire présentée au milieu des années 2000 comme un scandale écologique sans précédent.

Cette affaire avait débuté en octobre 2001 par la fermeture administrative de l'incinérateur de Gilly-sur-Isère après que des contrôles eurent montré des taux anormalement élevés de dioxine, polluant cancérogène, dépassant parfois jusqu'à 750 fois la norme maximale autorisée.

En mars 2002, près de 200 riverains, affirmant que les rejets nocifs de l'incinérateur de Gilly avaient provoqué une augmentation des cancers, avaient déposé plainte. Une information judiciaire pour "homicide involontaire et mise en danger de la vie d'autrui" avait été ouverte.

Durant les cinq années d'instruction, la juge Hélène Lastera avait mis en examen deux préfets mais ces procédures avaient ensuite été annulées faute, notamment, de charges suffisantes. Les expertises n'ayant démontré aucun lien de causalité certain entre la pollution à la dioxine et les cancers.