Désert médical : la clé, c'est les jeunes

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avec agences , modifié à
Marisol Touraine dévoile jeudi l'ensemble de son plan de lutte contre les déserts médicaux.

Scorbé-Clairvaux, dans la Vienne, 2.376 habitants. C’est dans cette petite commune que Marisol Touraine va dévoiler jeudi l’ensemble de son plan pour venir (enfin) à bout du casse-tête des déserts médicaux. La ministre de la Santé l’a promis, cette réforme sera "globale et cohérente". Avec un cas qui mérite des soins tout particuliers : celui des jeunes médecins.

Le diagnostic. De plus en plus de médecins qui exerçaient auparavant en libéral dans des communes excentrées ou dans des quartiers défavorisées, souvent seuls dans leurs cabinets, mettent la clé sous la porte et ne trouvent pas de successeurs. Car les jeunes médecins sont de plus en plus urbains. Ils veulent exercer en groupe, tiennent à leur vie de famille, refusent les longues journées et les longues semaines de travail qu'acceptaient d'accomplir certains de leurs aînés.

Ce que propose le gouvernement. Marisol Touraine a expliqué dès mercredi qu'elle souhaitait "sécuriser" financièrement l'installation des jeunes médecins dans les zones sous-dotées, en leur garantissant un certain revenu. Mais tout en récusant l'idée d'un salaire minimum.

Le 2 décembre, la ministre avait pourtant annoncé le principe d'une garantie de salaire annuel de 55.000 euros (4.600 euros par mois), pendant deux ans, pour 200 jeunes médecins allant s'installer dans des communes éloignées ou des quartiers défavorisés, pendant deux ans.

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Il s'agit désormais de "conclure des contrats avec des jeunes médecins et de leur dire : ‘c'est difficile de s'installer, pour que vous alliez dans certains territoires plus compliqués que d'autres, on vous garantit qu'on va sécuriser votre installation pendant deux ans, au moment où vous devez faire des emprunts, trouver des locaux, acheter du matériel’", a-t-elle précisé. Si pendant cette période, le jeune médecin n'atteint pas un certain revenu, le gouvernement "contribuera" pour combler la différence, a expliqué la ministre.

Les jeunes médecins ont des idées. L'Association nationale des étudiants en médecine de France propose par exemple de mettre en circulation des véhicules de santé pluriprofessionnels (VSPP), avec à leur bord des professionnels de santé (généralistes, ophtalmologistes, cardiologues, infirmières, kinés, etc.) allant au devant des patients de zones sous médicalisées. D’autres médecins, blogueurs ceux-là, ont évoqué la création de maisons universitaires de santé (MUSt), qui constitueraient pour la médecine de ville l'équivalent des centres hospitaliers universitaires (CHU) pour l'hôpital.

Ce qu’en disent les maires. Ils n’ont qu’un mot : il faut agir et vite. L'Association des maires de France a réclamé mercredi la "mise en oeuvre urgente de mesures". Selon eux, "des mesures fortes", concernant notamment "la formation des médecins, le numerus clausus, le mode d'exercice" ou encore "les structures hospitalières", "doivent être prises au niveau national pour pallier ces carences qui ne peuvent être résolues par des initiatives locales".