Des "reculs" dans la protection de l'enfance

Deux millions d'enfants vivent sous le seuil de pauvreté en France
Deux millions d'enfants vivent sous le seuil de pauvreté en France © MAXPPP
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avec agences
Dans un ultime bilan, la Défenseure des enfants critique mardi la politique du gouvernement.

C'est un bilan sévère qui pointe des "reculs répétés" en France. Défenseure des enfants depuis 2006, poste appelé à disparaître dimanche prochain, Dominique Versini critique la politique du gouvernement en matière de protection de l'enfance et défend le bilan de cinq ans de travail au service des plus jeunes.

Son rapport, présenté mardi à la presse, pointe "les défaillances et les reculs" pour ce qui concerne, notamment, la justice des mineurs, le logement social ou les difficultés rencontrées par les enfants étrangers présents en France.

"Les difficultés des enfants étrangers", qu'ils soient isolés ou en famille, en situation régulière ou irrégulière, "sont d'autant plus d'actualité que le discours politique et la politique d'immigration se durcissent", observe Dominique Versini. Ces reculs sont contraires à l’esprit de la Convention internationale (Cide) de l'ONU, affirme-t-elle.

"Sévérité accrue" envers les mineurs

Pour les enfants français, elle critique les "reculs successifs de la justice des mineurs" depuis cinq ans, conduisant à une sévérité accrue "alors que, tant le Conseil constitutionnel que la Cide imposent que prime l'éducatif sur la réponse répressive".

Deux millions d'enfants pauvres

Plus généralement, Dominique Versini pointe la situation des enfants pauvres, au nombre de deux millions en France et dont 600.000 sont mal logés. "Avec leurs familles, cela fait huit millions de personnes qui ont des revenus compris entre 700 à moins de 900 euros par mois", a-t-elle dénoncé mardi matin sur Europe 1. "C'est quand même assez catastrophique. Tous les objectifs de réduction de la pauvreté ne seront pas atteints".

La défenseure déplore que, malgré certaines avancées, un bon nombre de ses recommandations n'aient pas été prises en compte. "Aucune suite n'a été donnée", note la Défenseure des enfants, au rapport de 2009 sur "la précarité et les atteintes aux droits des enfants", alors que le gouvernement "avait un objectif de réduction de la pauvreté d'ici 2012".

Parmi les rares satisfecit décernés au gouvernement, l'institution évoque le développement des Maisons des adolescents (MDA) dont le nombre est passé de 18 à 68 et la mise en place, mais à titre expérimental, d'un "dispositif complet de médiation familiale" avant une saisine de la justice. Elle regrette toutefois le blocage par l'Assemblée nationale d'un statut de tiers pour ceux qui partagent ou ont partagé la vie d'un enfant.