Des camps de migrants évacués à Calais

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avec AFP , modifié à
MOTIF SANITAIRE - Cette évacuation "n'est pas une opération d'ordre public, mais une opération sanitaire" menée "dans un cadre humain", assure Beauvau.

L'opération a été huée par les militants associatifs. L'évacuation par la police des camps de migrants à Calais, qui abritent quelque 650 personnes depuis plusieurs semaines, s'est déroulée mercredi. Elle a commencé peu avant 8 heures et s'est terminée en fin de matinée. Les centaines de migrants occupaient trois camps mis en cause pour leur taille critique et leur manque d'hygiène. Cette évacuation vise notamment à éradiquer une épidémie de gale qui touche les migrants depuis plusieurs semaines, indiquent les autorités. L'évacuation de centaines de migrants à Calais mercredi "n'est pas une opération d'ordre public, mais une opération sanitaire" menée "dans un cadre humain", a affirmé Bernard Cazeneuve dans l'émission "Questions d'info" LCP/FranceInfo/LeMonde/AFP.

"Les gens stressent". Sous un ciel couvert et gris, de nombreux migrants qui étaient encore sous des tentes, ou sous des bâches de fortune, ont quitté d'eux-mêmes leurs abris lorsqu'ils ont vu arriver les forces de l'ordre. Dans le calme et sous les objectifs des nombreuses caméras de journalistes, les policiers, parfois assistés d'un interprète, inspectaient les tentes une à une, évacuant les rares personnes restantes.

La camps de migrants de Calais le 27 mai 2014.

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Plusieurs dizaines de personnes, parmi lesquelles des migrants et des militants, étaient déjà regroupées sur le bord de la route, à l'écart du plus gros camp, dit camp des Syriens, qui regroupe également beaucoup d'Afghans et environ 400 personnes, toutes nationalités confondues.

Regardez un reportage de France 2 sur l'évacuation des camps de migrants :

"Un objectif de santé publique". L'objectif de l'opération était double, a expliqué le préfet du Pas-de-Calais Denis Robin. "Premièrement un objectif de santé publique. Tous les rapports sont convergents, il y a une épidémie de gale. Ces camps sont très importants, et ils se situent en plein centre de Calais", a-t-il souligné. L'opération visait également à "mettre fin à un rassemblement devenu beaucoup trop important. A Calais on sait, depuis la 'jungle' de 2009, que (cela) présente des risques : pour eux, qui sont sous la loi des passeurs, pour leur sécurité, les rixes augmentent, les risques sanitaires, la gale en est un témoignage", a ajouté le préfet.

Un traitement contre la gale mal organisé ? Le traitement contre la gale a débuté mardi soir lors de la distribution des repas par l'association Salam. "C'était le carnaval", a affirmé Cécile Bossy, qui a notamment dénoncé l'absence de décontamination de vêtements. "Ils n'ont pas proposé les douches qui étaient supposées être mises en place lors de l'évacuation", a-t-elle ajouté, déplorant une opération "tout sauf professionnelle".

Un traitement contre la gale est distribué aux migrants de Calais

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"Un simulacre de prise en charge médicale". "On assiste à un simulacre de prise en charge médicale, sous-tendu par une volonté délibérée d'expulser et de dissuader ces jeunes migrants précaires, dont la plupart veut passer en Angleterre, de rester sur le territoire. L’objectif est essentiellement de répondre à des décisions de justice en matière de destruction de campements. Cela ne va pas favoriser le soin des migrants", abonde Jean-François Corty, directeur des missions chez Médecins du monde, interrogé par Europe 1.

Près de 1.000 migrants à Calais. Entre 800 et 850 migrants sont actuellement présents dans le Calaisis, dont 600 à 650 pour la seule zone portuaire de Calais, qui souhaitent pour la plupart passer en Angleterre. Leur nombre a doublé en l'espace de quelques semaines.

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