Des GPS pour surveiller les enfants

De plus en plus de sociétés proposent aux parents des systèmes de géolocalisations pour surveiller les enfants.
De plus en plus de sociétés proposent aux parents des systèmes de géolocalisations pour surveiller les enfants. © MAX PPP
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Frédéric Frangeul et Raphaële Schapira , modifié à
ENQUÊTE- Les offres des entreprises de géolocalisation pour rassurer les parents se multiplient.

C'est un phénomène nouveau. Pour tranquilliser les parents, de plus en plus de sociétés proposent d'assurer la géolocalisation des enfants. Pour les plus petits, par exemple, un système permet de savoir si la nounou a bien récupéré l'enfant à l'heure prévue et si elle l'emmène bien à son cours de judo ou de danse. Pour cela, il suffit d'installer un code barre sur le cartable de l'enfant. A chaque déplacement, la nounou scanne le code barre avec son portable et le parent reçoit un SMS ou un e-mail pour l'avertir.

"Ça fait partie de son quotidien"

Pauline a testé l'offre proposée par une agence de service pour sa fille Pema, âgée de trois ans et demi. "Il y a un côté déstabilisant, qui assimile l'enfant à un numéro, mais je trouve ça quand même rassurant", explique-t-elle micro d'Europe 1. Quant aux conséquences sur sa fille, cette mère de famille les juge inexistantes. "Maintenant, ça fait partie de son quotidien et de sa normalité. Elle n'y prête aucune attention", affirme-t-elle.

Des coûts variables

Le coût des offres varie selon les techniques proposées. Pour les balises semblables à celles des navigateurs ou des alpinistes, il faut compter environ 140 euros. La publicité pour ce type de produit est explicite. Elle présente l'objet comme étant "parfait pour suivre à la trace, une personne, votre enfant ou votre animal ".

D'autres systèmes sont plus économiques. Ainsi, les applications qui s'installent sur le portable de l'enfant reviennent à 7,90 euros pour tracer quatre portables d'une même famille. Ce mouchard permet de suivre une personne tout au long de la journée et peut, par exemple, avertir l'adulte par SMS si son adolescent quitte un endroit déterminé, tel que son lycée.

La surprotection nuit à l’éducation

Reste que ces méthodes ne font pas l'unanimité chez les spécialistes de l'éducation. Ils rappellent que, pour grandir, il faut être confronté à des risques. "La surprotection, c'est objectivement dangereux", explique Sophie Desmazières, fondatrice de l'Observatoire Kidexpo sur les comportements des familles. "Toutes les études prouvent que les conduites à risque se retrouvent de manière beaucoup plus fréquentes chez les enfants qui ont été surprotégés", précise-t-elle.

"La surprotection, c'est objectivement dangereux", observe une spécialiste :

 

Concernant la légalité de tels dispositifs, il n'y a rien à redire. S'il faut veiller à ne pas surveiller la nounou en permanence, la loi n'interdit pas à des parents de surveiller ainsi leurs propres enfants. 

Un conditionnement des enfants à la surveillance

Mais ces systèmes peuvent néanmoins poser des problèmes de repère. "On peut se demander quels genres de citoyens vont devenir ces jeunes qu'on habitue dès leur plus jeune âge à être tracés tout le temps", s'inquiète Yann Padova, le secrétaire général de la commission nationale informatique et Liberté (CNIL). "D'une certaine façon, on peut se demander si on ne les conditionne pas à accepter cette surveillance", souligne-t-il. Ce qui, à terme, pourrait en faire "des citoyens trop habitués à une surveillance qui est intrusive", selon Yann Padova.

Aux Etats-Unis, ces méthodes de surveillance ne choquent plus. Des collèges proposent ainsi, avec leur frais d'inscription, d'installer une puce dans le cartable de l'enfant. A l'aide de capteurs installés dans les murs de l'établissement, les parents peuvent suivre à la trace les activités de l'enfant durant la journée.