Dernière étape avant la case prison pour Jérôme Kerviel

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avec AFP , modifié à
L’ex-trader est attendu samedi après-midi au commissariat de Menton, après deux mois et demi de marche en Italie.

Fin du voyage pour Jérôme Kerviel. L'ex-trader de la Société Générale, symbole voici six ans des dérives qui ont mis à terre le système bancaire mondial, aujourd'hui métamorphosé en repenti, doit rentrer à pied en France samedi après-midi par la ville frontalière de Menton, pour purger trois ans de prison ferme. La justice lui a intimé de se présenter au commissariat de la ville des Alpes-Maritime avant dimanche soir.

Des journalistes en nombre. L'homme qui marche sur les chemins d'Italie depuis le 5 mars, après une rencontre décisive avec le pape François à Rome en février, doit passer la ligne d'un ancien poste-frontière désaffecté situé sur le bord de mer de Menton samedi vers 15 heures. Accueilli par son comité de soutien et sans nul doute une haie de caméras. Jérôme Kerviel attendra de passer la frontière pour dévoiler ses intentions, a précisé vendredi soir son avocat, Me David Koubbi.

"Suis-je donc un danger?" Dans une tribune intitulée "ma renaissance italienne" publiée samedi dans Nice Matin, il regrette un "empressement" de la justice. "La justice avait la possibilité d'agir différemment puisque le Parquet disposait de cinq ans pour faire exécuter ma peine", dit-il. "Je m'interroge sur cet empressement à me mettre à l'écart, bien inhabituel dans ce genre d'affaire. Suis-je donc un danger?" "J'attends une réponse du président de la République à la lettre ouverte que mon avocat lui a adressée", poursuit-il. "Comprend-il, lui qui peut tout, que je ne suis rien dans cette affaire, sinon la victime de son ennemi?"

4,9 milliards de pertes. En octobre 2010, Kerviel, jugé seul responsable de la perte subie par sa banque, a été condamné à cinq ans de prison dont trois ferme, peine dont il a déjà purgé 41 jours, en détention provisoire début 2008. Le trader avait dissimulé (en introduisant de fausses données dans un système automatisé) ses prises de risques sur des produits financiers dérivés, entraînant une perte abyssale de 4,9 milliards d'euros pour la Société Générale.

Alors qu'il était aussi condamné à rembourser cette somme, la Cour de cassation a créé un coup de théâtre en mars dernier en cassant cette obligation - tout en confirmant la condamnation à de la prison. Une "victoire" pour l'ex-trader ruiné qui accuse sa banque d'avoir "menti". Un nouveau procès doit se tenir devant la cour d'appel de Versailles. Jérôme Kerviel réclame une expertise indépendante des pertes enregistrées par son ancienne banque, ce qui lui a toujours été refusé par la justice.

Un large comité de soutien. Montré du doigt lorsque l'affaire éclata en janvier 2008, il cultive désormais l'image du pèlerin marchant pour sa rédemption, s'extasiant de la "richesse" des hommes et femmes rencontrés sur son chemin. Son comité de soutien, très actif sur internet, compte dans ses rangs l'évêque de Gap et d'Embrun, Mgr Jean-Michel di Falco, ou encore le sénateur communiste Eric Bocquet, qui ont écrit cette semaine à François Hollande pour que leur protégé ne soit pas incarcéré immédiatement. Il jouit aussi du soutien de Jean-Luc Mélenchon, qui défend "un garçon innocent".

"L'Eglise et la ‘gauche’ se sont fait piéger". Le syndicat CGT de la Société Générale est moins tendre avec l'ancien trader, estimant que "l'Eglise et la ‘gauche’ se sont fait piéger" par ce tardif repentir d'un homme coupable devant la loi. La direction de la banque dit avoir surtout une pensée pour "les victimes" de Kerviel.

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