Crash du Concorde : le jugement final

Le concorde a pris feu lors de son décollage avant de s'écraser à Gonesse. La catastrophe aérienne a fait 113 morts et provoqué une bataille juridique entre Air France et Continental Airlines.
Le concorde a pris feu lors de son décollage avant de s'écraser à Gonesse. La catastrophe aérienne a fait 113 morts et provoqué une bataille juridique entre Air France et Continental Airlines. © REUTERS
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avec agences , modifié à
Dix ans après l’accident qui a mis fin à l’avion supersonique, la justice rend son jugement.

Le procès du crash du Concorde d'Air France touche à sa fin. Le tribunal correctionnel de Pontoise doit rendre lundi son jugement concernant cette catastrophe qui avait fait 113 morts, le 25 juillet 2000 à Gonesse, dans le Val d'Oise. Cet accident a par ailleurs mis fin à l'aventure de l’avion supersonique.

Pendant quatre mois, de février à mai, le tribunal a cherché à déterminer les responsabilités éventuelles de Continental Airlines, de deux de ses employés et de trois anciens responsables français de l'aéronautique. Les grandes absentes de ce procès ont été les familles des 100 passagers, pour la plupart allemands, indemnisées par Air France et ses assureurs moins d'un an après l'accident. Seules les familles des quatre victimes au sol et celles des membres d'équipage étaient là pour témoigner de leur traumatisme.

Continental Airlines pointé du doigt

Durant tout le procès, la compagnie américaine a nié qu'un de ses avions ait pu déclencher l'accident en perdant une lamelle sur la piste de décollage du Concorde, faisant éclater un pneu.

L'avocat de Continental, Me Olivier Metzner, n'a cessé d'affirmer, sur la base de témoignages écartés durant l'enquête, que le Concorde avait pris feu 700 mètres avant d'avoir roulé sur la lamelle incriminée. Pour appuyer sa démonstration, la compagnie américaine a fait réaliser pour 800.000 dollars une reconstitution en 3D, qui n'a convaincu ni le parquet ni les parties civiles.

Air France estime avoir été flouée

Olivier Metzner s'en est également vivement pris à Air France, partie civile au procès, mais coupable selon lui de négligences de maintenance et qui n'aurait jamais dû "laisser l'avion décoller". Air France impute au contraire à Continental l'entière responsabilité de l'accident et lui réclamant 15 millions d'euros d'indemnités, notamment pour atteinte à son image.

L'enjeu financier dépasse le cadre de ce seul procès, puisque la compagnie française poursuit sa concurrente américaine devant le tribunal de commerce de Pontoise pour obtenir réparation de son préjudice économique. Ce tribunal a sursis à statuer jusqu'à la fin de la procédure pénale.

Un défaut déjà identifié

Il est par ailleurs reproché aux trois cadres français de l'aéronautique de ne pas avoir tiré les leçons des incidents de pneus qui avaient émaillé la carrière du supersonique depuis 1979. Ils avaient mis en œuvre des modifications visant notamment à renforcer les pneus, mais pas à protéger les réservoirs. Pour la Fenvac (fédération nationale des victimes d'accidents collectifs), cet accident doit être analysé comme "une faillite majeure de la sécurité aérienne".

Le parquet a requis 175.000 euros d'amende à l'encontre de Continental Airlines pour homicides involontaires, et 18 mois de prison avec sursis contre ses deux employés: John Taylor, 42 ans, accusé d'avoir mal fixé la lamelle, et son chef d'équipe Stanley Ford, 71 ans, qui a validé la réparation sans la contrôler.