Condamnation requise contre Continental

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
La compagnie américaine est responsable du crash du Concorde, selon le procureur.

L'accusation a requis vendredi la condamnation à une amende de 175.000 euros de Continental Airlines au procès de la catastrophe du Concorde qui avait fait 113 morts en juillet 2000 près de Paris. Lors d'un réquisitoire fleuve, le procureur Bernard Ferret a retenu la thèse selon laquelle une lamelle tombée d'un avion de Continental a fait exploser un pneu du Concorde et provoqué sa chute après son décollage de Roissy.

Le magistrat juge donc la compagnie américaine responsable pénalement d'"homicides et blessures involontaires", pointant notamment épinglant la "maintenance générale défectueuse" des avions de la compagnie américaine. Si ce réquisitoire était suivi, la sanction entraînerait la responsabilité civile de la société. L'enjeu financier global est de taille, puisqu’il dépasse probablement les 100 millions d'euros.

Concernant deux employés de Continental Airlines, le mécanicien John Taylor et Stanley Ford, son chef d'équipe, une peine de 18 mois de prison avec sursis est requise. Le jugement sera mis en délibéré après les plaidoiries de la défense, sans doute jusqu'à la fin de l'année.

Jugement à la fin de l’année

Le parquet requiert par ailleurs deux ans de prison avec sursis contre Henri Perrier, directeur du programme Concorde à l'Aérospatiale, devenue EADS, de 1978 à 1994. Il demande en revanche la relaxe de Jacques Hérubel, ingénieur en chef de ce programme de 1993 à 1995, et de Claude Frantzen, un des principaux dirigeants de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) de 1966 à 1994.

"Le suivi de navigabilité du Concorde a péché sur trois points essentiels", a estimé le vice-procureur, Jean-Pascal Oualid: "l'abandon du projet de renforcement de la voilure", la "minoration systématique du risque incendie", et la "minoration du risque de perte de poussée". La justice reproche en effet aux trois prévenus français de ne pas avoir pris les mesures de précaution nécessaires après les "incidents à répétition" ayant émaillé la carrière du Concorde. Après plusieurs éclatements de pneus, des modifications avaient été faites. Mais un projet de renforcement de l'aile de l'avion, qui abritait les réservoirs, avait été abandonné.