Colonna : les points-clés du verdict

Pour la première fois, la cour d'assises spéciale de Paris a motivé son verdict.
Pour la première fois, la cour d'assises spéciale de Paris a motivé son verdict. © REUTERS
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Plana Radenovic
Pour la première fois, le verdict de la cour d’assises spéciale de Paris a été motivé.

Yvan Colonna a été condamné lundi à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d’assises spéciale de Paris. Pour la première fois dans l'histoire de la justice, les magistrats ont motivé leur verdict, répondant à une liste de 36 questions. Conclusion des juges, Yvan Colonna a participé à l’attaque de la gendarmerie de Pietrosella, en 1997, "en qualité de guetteur" et à l’assassinat du préfet Erignac, en 1998, "en qualité de tireur". Quels ont été les principaux arguments de la cour ?

 

Yvan Colonna "fait partie du groupe dit ‘des anonymes’, qui est à l’origine des actes reprochés",à savoir l’attaque de la gendarmerie de Pietrosella, où ont été volées les armes qui ont servi lors de l'assassinat du préfet Erignac. "Il admet aujourd’hui, pour la première fois après sept années de procédure, avoir été approché par Pierre Alessandri pour adhérer à ce groupe, ce que ce dernier confirme, mais il ne fournit pas d’explication plausible quant à son refus de l’intégrer et de participer aux actions que ce commando projetait de commettre", explique la cour, dans son verdict.

 

La cour cite également comme preuve de l’appartenance du berger de Cargèse au "groupe des anonymes" son voyage à Paris en septembre 1998, avec deux membres avérés de ce même groupe, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Un voyage qui "coïncide avec l’envoi de la lettre postée à Aléria annonçant de nouvelles actions et mentionnant pour la première fois, le numéro de la seconde arme dérobée à Pietrosella".

Des rétractations qui "manquent de crédibilité"

 

Les accusations des membres du commando et de leurs épouses. La cour s’appuie fortement, pour pencher en faveur de la culpabilité d’Yvan Colonna, sur les "mises en cause des membres du commando et de leurs épouses et compagnes", qui ont fait un "récit précis, circonstancié et cohérent". Les rétractations sont jugées "tardives et laconiques" : il s’agit, selon le verdict motivé, de "revirements de dernière heure" qui "manquent de crédibilité".

 

L’attitude d’Yvan Colonna. La cour juge que le comportement du berger de Cargèse, "tant lors de l’arrestation des membres du commando, qu’à la suite de sa propre interpellation, démontre également sa participation aux faits". Le verdict cite notamment la cavale de plus de quatre ans de l’accusé, "malgré l’appel de son propre père l’invitant à se présenter à la justice".

 

Les lettres de Pierre Alessandri à Stéphane Colonna. Alors qu’il était en détention et mis en examen, Pierre Alessandri, ami de l’accusé, avait adressé deux lettres en juin 1999 au frère d’Yvan Colonna. Dans ces missives, rapporte la cour, Pierre Alessandri "indique avoir fait, en avouant (la culpabilité d’Yvan Colonna), un choix humain plutôt que militant, dans le but de dégager la responsabilité des personnes non concernées, telles les femmes et Stéphane lui-même".

 

Malgré cette nouvelle débâcle judiciaire, Yvan Colonna n’abandonne pas et clame toujours son innocence : il a annoncé lundi soir qu’il allait se pourvoir en cassation.