Colonna : la cour d’assises à Ajaccio

La cour d'assises spéciale de Paris a accepté mercredi se se transporter à Ajaccio lundi prochain.
La cour d'assises spéciale de Paris a accepté mercredi se se transporter à Ajaccio lundi prochain. © Reuters
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avec Marie Peyraube et Jean-Sébastien Soldaini , modifié à
La cour "se transporte" lundi sur les lieux de l’assassinat du préfet Erignac.

Les acteurs du procès Colonna vont se retrouver, lundi à la tombée de la nuit, rue Colonna-d'Ornano, à Ajaccio, là où fut tué par balles le préfet Claude Erignac, le 6 février 1998. Un transport qui aura lieu à huis clos, sur la requête de l’accusation.

"Pas une véritable reconstitution"

Les avocats d'Yvan Colonna, qui avaient demandé ce transport, espèrent convaincre la cour de son innocence grâce à la présence de deux experts en balistique, d'un médecin légiste, ainsi que de Pierre Alessandri, qui assure depuis 2004 être le véritable auteur des coups de feu sur le préfet. Les témoins oculaires et les autres condamnés, en revanche, ne seront pas présents.

Ce ne sera pas une reconstitution à proprement parler, puisque les lieux ont changé depuis l’assassinat du préfet Erignac, en février 1998. Il est "impossible de remettre les lieux en l'état", a précisé le président de la cour, Hervé Stephan. Mais les conditions seront les plus proches possibles, assure la Cour : il faudra par exemple que le nuit soit tombée.

En attendant, le quartier a été bouclé. Des fourgons de CRS bloquent les entrées de la rue, les voitures stationnées ont toutes été enlevées, et 600 gendarmes et policiers sont chargés de s'assurer que personne ne pénètre dans le périmètre. "On ne sait pas où se garer, on ne sait pas si on peut ni rentrer ni sortir des immeubles", peste Mario, un riverain, présent lors d'une première reconstitution. "Mais la première fois, ce n’était pas comme ça. C’était un peu plus light. Là, ils ont mis le paquet".

Le témoignage de Pierre Alessandri sera crucial

L’affaire Colonna en est à son cinquième procès au total, depuis 2007. Ouvert début mai, ce nouveau procès a entraîné une bataille d’experts sur la taille du tireur. Les témoins oculaires du crime ont expliqué soit qu'ils ne pouvaient pas se prononcer, soit qu'ils pensaient que l'homme qu'ils ont vu tirer sur le préfet n'était pas Yvan Colonna. Certains disent avoir vu deux tueurs, d’autres trois.

Une bataille stérile pour l’accusation, qui s’appuie toujours sur les dépositions initiales des cinq hommes ayant participé au crime, condamnés en 2003 à des peines allant jusqu'à la perpétuité. Quatre d'entre eux avaient désigné Yvan Colonna en 1999 comme l'auteur des coups de feu, avant de se rétracter beaucoup plus tard.

Au procès, ils ont maintenu cette position. Mais leurs déclarations sont jugées d'autant moins crédibles par l'accusation qu'est apparue au dossier une lettre où Yvan Colonna menaçait en décembre dernier de "guerre" l'un d'entre eux, Pierre Alessandri, s'il ne déposait pas en sa faveur.