Clearstream: le "cauchemar" de l'épouse Lahoud

Villepin : d'autres ministères auraient pu stopper la manipulation Clearstream
Villepin : d'autres ministères auraient pu stopper la manipulation Clearstream © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à
L'ANTISECHE - Voici, en 3 points, ce qu'il ne fallait pas manquer lundi du procès Clearstream.

Anne-Gabrielle Lahoud fait son entrée - "Cette affaire, c'est un cauchemar pour moi car, avant Clearstream, Imad a déjà eu des ennuis. La ligne que j'ai prise, c'est de ne pas m'en mêler et de ne pas lui en parler pour protéger ma famille (...). Pour éviter que tout explose", explique mercredi Anne-Gabrielle Heilbronner-Lahoud, pour la première fois à la barre dans cette affaire Clearstream. L'inspectrice des Finances - fille de François Heilbronner, haut fonctionnaire qui fut notamment conseiller de Jacques Chirac - est entendue, après l'envoi d'une lettre qu'elle a adressée, la semaine dernière, à la présidente de la Cour. Anne-Gabrielle Lahoud, ex-fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, assure que Dominique de Villepin, quand il était Premier ministre, avait demandé et obtenu fin 2006 de relire le livre de son mari sur l'affaire pour en faire retirer deux passages qui lui étaient défavorables. Le principal intéressé dément catégoriquement.

Parole contre parole

"A quoi servez-vous Monsieur Lahoud" ? - De son côté, Imad Lahoud a redit lundi, devant la cour d'appel de Paris, avoir ajouté en 2004 le nom de Nicolas Sarkozy sur les listings Clearstream, dans le bureau de l'ex-patron des renseignements généraux, Yves Bertrand, au ministère de l'Intérieur. Yves Bertrand, témoin dans ce dossier, qui a toujours démenti cette version, était alors inspecteur général dans l'administration policière et avait un bureau au ministère de l'Intérieur. "Rajouter le nom du ministre de l'Intérieur au ministère de l'Intérieur ? (...) Excusez-moi l'expression, mais c'est drôlement culotté ! (...) Il n'y avait pas d'autre endroit ?!" s'interroge alors Mireille Filippini, une des deux juges assesseurs. "Je crois que c'est vraiment pour cela que Jean-Louis Gergorin a choisi ce lieu, pour que je ne me pose pas de question", commente Imad Lahoud. Me Temime, l'avocat de Jean-Louis Gergorin, l'interroge : "vous allez dans le bureau d'Yves Bertrand pour une sorte de 'date'. Vous ajoutez un nom sous la dictée. Mais à quoi servez-vous vraiment ?" Réponse d'Imad Lahoud : "je ne sais pas".

Villepin charge MAM

Villepin "n'est pas Sherlock Holmes" - Enfin, Dominique de Villepin. Accusé de complicité de dénonciation calomnieuse dans l'affaire Clearstream, il a affirmé que d'autres que lui - au sein de l'appareil d'Etat - disposaient des mêmes informations que lui et auraient pu stopper l'affaire. "Je ne me prends pas pour Sherlock Holmes (...). Vous savez, un ministre ne travaille pas sur du flou", précise d'abord, l'ancien ministre insistant sur le fait, qu'à l'époque, il ne disposait pas assez d'informations. Selon une note du 12 juillet 2004,"il y avait pourtant un service qui savait (que les comptes Clearstream étaient l'objet d'une manipulation) et ce service, c'était la DGSE", lance Dominique de Villepin, égratignant au passage la ministre de la Défense de l'époque : Michèle Alliot-Marie. (La DGSE est, en effet, placée sous l'autorité du ministère de la Défense). En cinq minutes, la ministre pouvait élucider cette affaire. Alors "que n'a-t-elle pris ces cinq minutes pour nous éviter le poids de ce cauchemar ?", s'emporte Dominique de Villepin.