Clearstream : Gergorin, "cible idéale"

Après le réquisitoire du parquet lundi, c'est à la défense de s'exprimer mercredi au procès Clearstream.
Après le réquisitoire du parquet lundi, c'est à la défense de s'exprimer mercredi au procès Clearstream. © MAX PPP
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Aurélie Frex, au procès Clearstream , modifié à
Europe1.fr vous a fait suivre de l'intérieur, mercredi, le procès Clearstream II.

Deux jours après le réquisitoire, où l'avocat général a réclamé 15 mois de prison avec sursis contre Dominique de Villepin, poursuivi pour complicité dans l'affaire Clearstream, la défense de l'ancien Premier ministre a tenté mercredi matin de torpiller les accusations qui pèsent contre son client. Les avocats de Jean-Louis Gergorin ont ensuite plaidé durant l'après-midi. Europe1.fr vous a fait suivre, minute par minute, cette journée d'audience.

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La défense de Jean-Louis Gergorin

"Selon les règles du procès équitable, vous n'avez pas la preuve de la mauvaise foi de Jean-Louis Gergorin", a conclu Me Témime.

18h22 : Gergorin, "cible idéale". Selon Hervé Témime, "Jean-Louis Gergorin est la cible idéale pour qui veut le duper".

18h15 : Gergorin croyait être le prochain sur la liste. D'après Hervé Témime, "le Jean-Louis Gergorin qui se met en relation avec le juge van Ruymbeke", via l'avocat Thibault de Monbrial, est "celui qui se croyait le prochain sur la liste", après la mort de Jean-Luc Lagardère. "Pourquoi agit-il à visage découvert s'il est de mauvaise foi ?", demande l'avocat. Un avis partagé par le juge van Ruymbeke lui-même qui, rapporte Hervé Témime, croit aussi Jean-Louis Gergorin de bonne foi, et a témoigné qu'il lui a donné immédiatement sa source, Imad Lahoud.

18h01 : "On est chez les fous !". Hervé Témime se lance dans une plaidoirie passionnée. "Si le général Rondot n'avait pas pensé qu'Imad Lahoud était le génie qui pouvait arrêter Ben Laden, il n y aurait pas eu d'affaire", estime-t-il. "On est chez les fous !", lance-t-il, à propos de la condamnation pour "dénonciation calomnieuse". "Jean-Louis Gergorin est fou, mais sincère", ajoute l'avocat, parlant de "fantasmes et d'obsessions" qui sont "anciens". Ce qu'il demande au général Rondot, chargé d'enquêter sur les listings Clearstream, c'est de "vérifier", et il a saisi le juge van Ruymbeke "de bonne foi", plaide l'avocat.

17h50 : "L'obsession notoire du complot". Hervé Témime rappelle que Jean-Louis Gergorin rencontre Imad Lahoud à un moment où il est "très perturbé" par la mort de Jean-Luc Lagardère" (il est mort en mars 2003, ndlr), et pense qu'il y a "un complot de la part d'adversaires". L'avocat affirme en avoir parlé à des psychologues, qui lui ont décrit son comportement de l'époque comme étant une preuve de "paranoïa".

. "A 65 ans, cette affaire, c'est le suicide moral, professionnel, financier et public" de Jean-Louis Gergorin, lance devant la cour Me Témime à propos de son client, l'ancien numéro 2 d'EADS. "Oui j'ai de la peine de le voir là", a-t-il poursuivi, avant d'insister sur son "sens très élevé de l'Etat", qui l'aurait empêché d'"avoir voulu sciemment violer les intérêts de l'Etat". "Oui, Jean-Louis Gergorin a été abusé par Imad Lahoud", a-t-il enfin avancé.

17h30 : Reprise de l'audience avec Hervé Témime, qui débute en affirmant : "je suis le troisième avocat de Jean-Louis Gergorin, peut-être l'avocat de trop". "Vous avez les moyens de dire que Jean-Louis Gergorin doit être relaxé", estime-t-il, et "je vais vous le démontrer", ajoute-t-il.

Post-it : Après avoir défendu le journaliste Denis Robert en première instance, Me Hervé Témime a rejoint la défense de Jean-Louis Gergorin.

17h08 : L'audience est suspendue pour une dizaine de minutes. Pendant la pause, Imad Lahoud, professeur agrégé de mathématiques, discute avec certains de ses élèves, venus assister à l'audience.

17h07 : Un "calvaire" pour Gergorin. "Dire que Jean-Louis Gergorin a cherché à tromper l'Etat, le ministère de tutelle d'EADS - le ministère de la Défense - pour garder sa place, est un petit raisonnement", a affirmé Me Iweins face à la cour. "Tout prouve qu'il est de bonne foi", a-t-il conclu.

Paul-Albert Iweins explique qu'il comprend que Dominique de Villepin n'ait pas dit toute la vérité dans l'affaire Clearstream car il devait protéger le président Chirac. Jean-Louis Gergorin et le général Philippe Rondot affirment qu'à plusieurs reprises en 2004, Dominique de Villepin s'est recommandé d'instructions du président de la République pour enquêter sur les listings Clearstream qui mettaient notamment en cause Nicolas Sarkozy. "C'est tout à son honneur : quand on est ministre, on n'implique pas le chef de l'Etat", a affirmé Me Iweins.

16h50 : Le rôle des renseignements généraux. Me Iweins s'interroge sur le fait que les renseignements généraux sont partout dans ce dossier, mais qu'on ne trouve bizarrement rien sur l'affaire aux renseignements généraux. "Quand les juges ont demandé aux renseignements généraux s'ils avaient un dossier sur Clearstream, celui-ci était peu épais et seulement constitué de coupures de presse", avance l'avocat.

16h25 : Rires dans la salle. Alors que Me Iweins tente de prouver que de nombreuses personnes très intelligentes ont été trompées par des conspirations dans l'Histoire, Imad Lahoud provoque les rires dans la salle. Alors que l'avocat de Jean-Louis Gergorin évoque la façon dont le mathématicien Chasles, auteur de la relation de Chasles, a été trompé, c'est le prévenu Imad Lahoud, lui-même mathématicien, qui lui rappelle la formule de cette fameuse relation. "Merci", lui répond alors Me Iweins.

Me Iweins raconte à quel point l'informaticien Imad Lahoud est "malin". Il a "un don pour tromper tout le monde", même "les pontes de la DGSE". Selon l'avocat, il a bénéficié d'une "confiance extraordinaire" du général Rondot, conseiller du ministère de la Défense chargé d'enquêter sur les listings. En parlant de Gergorin et Rondot, Me Iweins lance : "ce sont les deux aveugles qui se dirigent ensemble vers le trou, seulement il y en a un seul qui va tomber, c'est Jean-Louis Gergorin".

16h03 : Fait aggravant, la mort de Jean-Luc Lagardère. Me Iweins tente de démontrer que la mort de Jean-Luc Lagardère, en mars 2003, a réactivé la crainte d'un complot dans la tête de Jean-Louis Gergorin. L'ancien numéro 2 d'EADS a en effet cru que le patron du groupe Lagardère avait été assassiné. Quand l'avocat fait référence à différentes affaires célèbres de conspiration, il arrache un sourire à la présidente de la cour, Christiane Beauquis.

15h56 : La personnalité particulière de Gergorin. Me Iweins tente d'expliquer comment Jean-Louis Gergorin a pu se laisser avoir par Imad Lahoud. "Il en a vu, il en a entendu", explique-t-il, ce qui lui a donné "une vision du monde différente de la nôtre, la vision d'un monde un peu heurté, un peu difficile dans lequel il peut y avoir des coups bas". Un contexte d'affaiblissement, suite "aux nombreuses affaires de corruption, notamment dans les années 80", dont Imad Lahoud aurait profité. D'où "les croyances de Jean-Louis Gergorin", soutient Me Iweins.

Me Iweins s'interroge sur l'attitude de Nicolas Sarkozy dans cette affaire. "Comment un président de la République peut-il se porter partie civile ?", lance-t-il pendant sa plaidoirie. "Même le général de Gaulle ne s'est pas porté partie civile pour l'attentat du Petit Clamart, alors que c'était autrement plus grave que son nom sur un listing, on avait tenté de le tuer", ajoute-t-il. "Imaginez ce nous avons vécu en première instance. Pendant l'audience, on apprend qu'il a désigné des coupables à la télévision (ndlr en septembre 2009, Nicolas Sarkozy donne une interview à TF1 et France 2, de New York, pendant laquelle il qualifie les prévenus de Clearstream de "coupables"). Et il s'explique en disant 'je ne vous visais pas M. Villepin, je visais les deux autres'", rapporte l'avocat de Jean-Louis Gergorin. Ce qui vaut un regard appuyé de Dominique de Villepin, installé juste devant lui.

15h39 : Gergorin, pas un homme d'argent. Me Iweins note que "lorsqu'on n'arrive pas prouver la culpabilité d'un homme, on le décrit comme un pervers, un être machiavélique". Mais, ajoute-t-il, "il a tout perdu, alors qu'il était à l'époque un des hommes les plus puissants de France."

15h35 : Me Paul-Albert Iweins débute sa plaidoirie pour Jean-Louis Gergorin.

15h25 : "Gergorin n'est pas le cerveau". "M Gergorin ne peut pas être le cerveau d'une machination qui s'est faite en amont et en dehors de lui", affirme son avocat. Selon lui, Imad Lahoud a trompé Jean-Louis Gergorin, à qui "il a voulu "faire porter le chapeau". "Toute la falsification est mise en place, construite, conçue" durant les premiers mois de 2003, lorsqu'Imad Lahoud travaille pour la DGSE, une période durant laquelle "Jean-Louis Gergorin n'intervient d'aucune façon", a plaidé Thierry Dalmasso.

15h14 : Gergorin n'a pas "comploté" avec Lahoud. Me Dalmasso s'emploie à démontrer que Jean-Louis Gergorin n'a pas monté de complot avec Imad Lahoud, cet homme qu'il a fait embaucher chez EADS. "M. Gergorin n'intervient d'aucune façon dans une machination, qui révèle une volonté de falsifier" de la part d'Imad Lahoud. Selon l'avocat, c'est Lahoud qui a essayé à plusieurs reprises de téléphoner à Jean-Louis Gergorin, qui ensuite l'a aidé à entrer comme consultant dans l'entreprise.

14h55 : Dominique de Villepin s'assoupit. Il faut dire qu'il fait très chaud dans la salle.

14h50 : "Lahoud est la source". L'avocat explique en quoi l'informaticien Imad Lahoud est à l'origine de la falsification, et explique que les CD-Roms remis au juge Van Ruymbeke en 2004 "proviennent forcément" de son ordinateur. Par ailleurs, il affirme que "tout avait été conçu alors que Jean-Louis Gergorin n'était pas encore entré en scène", ce qui est, dit-il, "important en terme de cerveau" de l'affaire.

. D'après Me Dalmasso, le réquisitoire se base sur "une construction intellectuelle un peu faisandée, un scénario convenu autour de la personnalité des prévenus". Il résume ainsi le raisonnement du parquet : "M. Lahoud serait en mal de réhabilitation, intelligent. M Gergorin lui propose cette réhabilitation sociale, ce confort, mais M. Lahoud devra accepter d'être asservi à M. Gergorin". Selon lui, le parquet s'est contenté d'une "histoire commode". "ENA, diplômé de Stanford, il n'en faut pas plus : Gergorin est le cerveau de l'affaire".

Post-it : 30 mois de prison, dont 12 mois ferme, ont été requis lundi contre Jean-Louis Gergorin, ainsi que 45.000 euros d'amende. L'ancien numéro 2 d'EADS avait été condamné à 15 mois ferme et 40.000 euros d'amende en première instance.

La plaidoirie de Me Olivier Metzner

13h17 : L'audience est suspendue jusqu'à 14h30.

Dominique de Villepin à la sortie du procès Clearstream II le 25 mai 2011. 930620

© MAX PPP

D'après le parquet, Dominique de Villepin se serait rendu complice et aurait dissimulé la dénonciation calomnieuse en voulant battre Nicolas Sarkozy dans la course à la présidence de l'UMP. Mais Me Metzner y voit un problème : "M. Villepin n'a jamais brigué la tête de l'UMP", affirme-t-il.

13h09 : C'est cela dissimuler ? Me Metzner rappelle que quand Dominique de Villepin, ministre de l'intérieur, a eu des doutes, "il a appelé la DST et prévenu Michèle Alliot-Marie". "C'est cela dissimuler ?", s'interroge-t-il.

12h58 : Michèle Alliot-Marie à nouveau citée. Metzner démonte l'accusation d'"abstention" contre son client. "Si le parquet avait cru devoir requérir pour instruire sur cette abstention, il ne l'a pas fait parce qu'il aurait fallu entendre plus de personnes pour savoir pourquoi ils s'étaient abstenus", affirme l'avocat, citant notamment Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, Pierre Brochand, l'ancien patron de la DGSE - dépendant du ministère de la Défense - et Philippe Marland, l'ancien directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie.

12h44 : Petit incident entre Me Olivier Metzner et Me Paul-Albert Iweins. Alors que l'avocat de Jean-Louis Gergorin le reprend sur un mot, Me Metzner lui répond qu'"il peut encore conserver le choix ses de ses mots". Villepin esquisse un sourire.

12h31 : Complicité par abstention ? Me Metzner démontre de façon précise en quoi la complicité "par abstention" ne peut pas être retenue contre Villepin, car ça n'est pas sur ce point que le tribunal a été saisi. D'abord accusé de complicité "par instruction" concernait des faits datant de début 2004, le parquet parle désormais de complicité "par abstention" en juillet 2004. "On passe d'un acte positif à un acte négatif, d'un acte de janvier 2004 à un acte de juillet", insiste l'avocat, avant d'ajouter que "les juges ne doivent statuer que sur des faits dont ils sont saisis".

même si c'est en dépit du droit, en dépit des mots et de leur sens", affirme-t-il. Dominique de Villepin regarde Metzner et écoute, sans réagir.

12h15 : Quand Villepin a-t-il su ? A quelle époque Dominique de Villepin aurait-il su avec certitude que les listings étaient faux ? Le parquet a fait citer le général Rondot et Bousquet. L'un et 'autre ont contredit la thèse du parquet", affirme Me Metzner. "Rien ne prouve que Villepin était au courant dès juillet 2004 du caractère fallacieux des listings", insiste-t-il.

12h07 : Nicolas Sarkozy "a accepté le jugement !" Me Metzner s'amuse du fait que l'Elysée n'ait pas fait appel du jugement. S'adressant à Dominique de Villepin, il lui lance : "vous savez M. le Premier ministre, il y a un homme qui a accepté votre relaxe, c'est le président de la République !".

Post-it : C'est le procureur Jean-Claude Marin qui a fait appel de la relaxe de Dominique de Villepin, le 29 janvier 2010, après l'avoir annoncé en direct sur Europe 1.

. Me Olivier Metzner s'en prend à Nicolas Sarkozy, sur un ton très cérémonieux, sans jamais citer son nom. "Cette affaire n'existerait pas sans un homme, cet homme qui s'est porté partie civile (ndlr Nicolas Srakozy s'est porté partie civile en janvier 2006)", affirme-t-il, s'étonnant du fait que "dès lors, on a nommé un deuxième juge". "Cet homme mécontent le 28 janvier dernier (ndlr date de la relaxe de Dominique de Villepin), et on connaît son courroux", ajoute-t-il. L'avocat évoque "un conciliabule à l'Elysée" ce jour-là, entre les parties civiles, ironisant sur le fait qu"un président n'a que ça à faire, gérer la relaxe de Dominique de Villepin". Durant cette entrevue, Nicolas Sarkozy aurait déclaré "je croyais que la justice était mieux tenue", affirme l'avocat, regrettant le "mépris du politique envers la justice".

11h50 : Me Olivier Metzner prend la parole pour la défense de Dominique de Villepin.

La démonstration de Me Olivier d'Antin

11h44 : Le "fantasme" Sarkozy. Selon Me Olivier d'Antin, le parquet s'est laissé influencer par le "fantasme" selon lequel Dominique de Villepin aurait voulu nuire à son rival Nicolas Sarkozy. Il termine sa démonstration en demandant "une relaxe franche et sans équivoque". "Il est temps de mettre un terme à ce dossier", à "cette mascarade", a-t-il plaidé. Car

, a-t-il ajouté, en faisant référence aux propos prêtés à Nicolas Sarkozy qui avait promis de pendre les coupables de la machination "à un croc de boucher".

11h41 : Quel pouvoir sur Gergorin ? La défense de Dominique de Villepin discute "le pouvoir, l'influence" qu'on prête à Dominique de Villepin sur Jean-Louis Grergorin. D'après le parquet, cetet influence aurait pu lui permettre d'"arrêter Gergorin dans sa course folle". Or, selon Me d'Antin, "Jean-Louis Gergorin était obsédé par ses fantasmes, dans un autre monde", à cette époque, "et "plus on exerçait une autorité sur lui, plus il s'en affranchissait". Et pour l'arrêter, il aurait également fallu être au courant de toute l'affaire.

, lance son avocat. "C'est une accusation à la légère, sur des bases jurisprudentielles fragiles", ajoute-t-il.

Me Olivier d'Antin compare le comportement de Dominique de Villepin et celui des autres ministres. Avec le même niveau d'information, lui a saisi la DST et demandé au général Rondot qu'il partage ses informations, là où d'autres n'ont rien fait", affirme-t-il. "Le parquet de peut pas ne pas voir cela", ajoute-t-il, "nous sommes dans l'absurde" (...) "on ne peut pas être complice de dénonciation calomnieuse dans une affaire qu'on ne connaît pas, sur ce point le ministère public est plus que défaillant".

Si le général Rondot était au courant de la falsification des fichiers en juillet 2004, alors Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, et donc sa ministre de tutelle, était également au courant, assure Me Olivier d'Antin. De son côté, la DST, service de renseignement du ministère de l'Intérieur, est restée prudente, et n'a pas confirmé en juillet 2004 qu'il y avait un montage, ou une manipulation.

11h10 : Villepin, tout sauf inactif. Me Olivier d'Antin s'attache à prouver que Dominique de Villepin n'est pas coupable d'inaction. En juillet 2004, lorsque l'affaire est révélée par un article du Point, "il convoque la DST", affirme l'avocat, "ce qui est bien la marque d'une personne inactive", ironise-t-il. Il assure ensuite qu'il a demandé à rencontrer le général Rondot, le 19 juillet. "Cet homme est si passif qu'il demande à Rondot de faire en sorte que Gergorin se calme", continue-t-il à ironiser. Il affirme ensuite que celui qui était alors ministre de l'Intérieur aurait demandé au général Rondot de prévenir la DST. "Une directive que le général n'a pas suivie", affirme-t-il, avant d'enfoncer le clou : "la rétention d'information n'est donc pas le fait de M. Villepin".

11h03 : "On est tout à fait à côté des faits". L'avocat de Dominique de Villepin s'étonne de ce qu'on accuse son client d'avoir été "un dissimulateur passif" du fait que ces fichiers étaient falsifiés. "L'idée de la complicité par abstention a été trouvée par M. Marin, c'est une transformation radicale des indications qu'on avait jusque-là", affirme-t-il. "On était sur une action, un délit par action, en janvier 2004, et on bascule sur un péché par ommission en juillet 2004, Deux délits radicalement opposés", assure-t-il, avant d'évoquer : "un lien filial entre le parquet et le président de la République, quelque part l'image du père",et d'ironiser sur "l'inventivité remarquable du parquet".

10h59 : Me Olivier d'Antin prend la parole. Il discute l'idée de la "complicité de dénonciation calomnieuse par abstention", ce qui est reproché par le parquet à l'ancien Premier ministre, contre qui 15 mois de prison avec sursis ont été requis.

Les arguments de Me Luc Brossollet

10h44 : L'audience est suspendue pendant dix minutes.

. "Cette affaire dans un siècle de com', dans un pays dirigé par un spécialiste de la com', est déjà devenue du cinéma", lance Me Luc Brossollet, haussant le ton. "C'est un film, il s'appelle 'le bal des menteurs' (...) M. Marin(ndlr Jean-Claude Marin, le procureur qui a fait appel de la relaxe de Dominique de Villepin) s'est montré comme un véritable acteur de cinéma", estime-t-il. Me Luc Brossollet termine son monologue en demandant la relaxe de Dominique de Villepin. "Je suis confiant, je sais que vous le ferez", lance-t-il enfin.

10h36 : Pourquoi attendre pour soupçonner Lahoud ? L'avocat de Dominique de Villepin affirme l'existence d'un article de L'Express, daté 16 novembre 2004, qui révèle qu'Imad Lahoud pourrait être à l'origine des fichiers. "Je ne comprends pas pourquoi on doit attendre le printems 2006, et les perquisitions, pour que M. Lahoud soit inquiété", s'étonne Luc Brossollet, lors d'une plaidoirie passionnée.

Selon la défense de Dominique de Villepin, Lahoud "invente Clearstream", c'est "une escroquerie aux renseignements", affirme-t-il. Selon lui, on n'a pas voulu voir cela, car

Et si on accuse Jean-Louis Gergorin, alors

10h13 : Le général Rondot "pas au niveau". "Cette affaire est la rencontre incroyable entre un homme obsédé par le complot (ndlr Jean-Louis Gergorin) et un général qui n'est pas au niveau de l'enquête. Comment Jean-Louis Gergorin aurait-il pu deviner qu'on ne l'empêcherait pas de continuer ?", s'interroge-t-il ?

10h06 : La défense charge Imad Lahoud. Me Brossollet évoque le fait que, dans les envois au juge van Ruymbeke, il est indiqué que 895 comptes ont été fermés le 12 mai 2004. D'après l'avocat, c'est Imad Lahoud qui a "intoxiqué", et "enfumé" tout le monde, voulant mettre fin à l'affaire.

9h54 : "Le général Rondot n'a rien fait". Me Luc Brossollet revient sur l'envoi des listings Clearstream au juge Van Ruymbeke, par Jean-Louis Gergorin. Selon lui, l'ancien numéro 2 d'EADS "s'adresse au juge van Ruymbeke parce qu'il est déçu du manque de vérification du général Rondot". Avant d'ajouter : "on doit admettre que le général Rondot n'a rien fait ou presque, il est juste allé dans un guichet pour voir si un compte au Crédit lyonnais étiat bon".

9h38 : Le rapport du 25 mars, pas fiable. L'avocat de Dominique de Villepin revient sur le 25 mars 2004, date de la garde à vue d'Imad lahoud dans une escroquerie présumée. Alors que le général Rondot affirme que Dominique de Villepin l'a appelé pour lui demander de faire le nécessaire pour qu'il soit libéré, l'ancien Premier ministre dément avoir donné cette instruction. "On pourrait continuer de croire q'un ministre de la République continue de demander au général Rondot de faire quelque chose qu'il ne peut pas faire, il sait qu'un général ne peut pas faire sortir une personne de garde à vue", lance Me Brossollet, avant d'ajouter : "j'ai lu tous les rapports du général Rondot, et il n y en a pas un qui soit fiable".

9h27 : Villepin taxé de mauvaise intention. Me Luc Brossollet fait référence à l'entrevue entre Dominique de Villepin, le général Rondot et Jean-Louis Gergorin le 9 janvier 2004, lors de laquelle Dominique de Villepin aurait demandé au militaire de continuer son enquête sur les listings Clearstream. D'après Me Luc Brossollet, l'accusation prête à Dominique de Villepin d'être "tellement mal intentionné" qu'il aurait voulu monter un coup.

9h17 : La mémoire du général Rondot mise en cause. "Il ne pas faire des notes du général Rondot ce qu'elles ne sont pas. Ce n'est pas l'évangile du dossier", affirme Luc Brossollet. D'après l'avocat, le militaire assure lui même qu'elles "sont impressionnistes et sommaires, puisque réécrites après un entretien". Il pose alors cette question : "le général Rondot a-t-il de la mémoire ?". L'avocat donne des exemples prouvant "l'absence de mémoire du général", qui "n'a pu pendant toute l'instruction que paraphraser les verbatims qu'on lui mettait en main".

", ajoute-t-il encore, avant de demander que ces notes soient "maniées avec la prudence d'un juge".

9h11 : Villepin "ne savait pas". D'après l'avocat de l'ancien premier ministre, le parquet n'a pas réussi à prouver que Dominique de Villepin savait que Jean-Louis Gergorin avait sciemment envoyé des fichiers qu'il savaient falsifiés au juge Van Ruymbeke, en 2004. "Il faudrait qu'il ait su que quand Jean-Louis Gergorin envoyait ces fichiers au juge alors qu'il savait qu'ils étaient faux, vous n'êtes pas allés jusque-là", assure-t-il, avant de demander : "en quoi en juillet, en août, en septembre, en octobre, le ministre aurait pu deviner qu'il y aurait d'autres envois et qu'il fallait les empêcher ?" Un argument qui, selon la défense, va à l'encontre de l'accusation de complicité de dénonciation calomnieuse par abstention.

Me Luc Brossollet prend la parole pour la défense de Dominique de Villepin. "L'accusation est un art schizophrène", lance-t-il, faisant référence au réquisitoire de l'avocat général contre Dominique de Villepin lundi. L'accusation "dit tout et son contraire", ajoute l'avocat. "J'avais cru comprendre que selon le témoin, le général Rondot (ndlr qui avait été chargé en 2003 d'enquêter sur les listings Clearstream), avait jugé inenvisageable de condamner Dominique de Villepin", affirme-t-il, avant de demander "un peu de décence, un peu de tolérance".

9h02 : Ouverture de l'audience.

Post-it : Dominique de Villepin est représenté par Me Olivier Meztner, avocat pénaliste spécialiste des affaires politico-financières, Me Olivier d'Antin et Me Luc Brossollet. Me Hervé Temime, Me Paul-Albert Iweins et Me Thierry Dalmasso sont les conseils de Jean-Louis Gergorin. Olivier Pardo est l'avocat d'Imad Lahoud.