Clairvaux est-elle adaptée aux prisonniers dangereux ?

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Dotée d'un régime carcéral parmi les plus sévères en France, la maison centrale a été le théâtre d’une nouvelle prise d’otage mardi.

En 1971, deux détenus avaient séquestré et tué des surveillants. En 2003, un gardien avait été pris en otage à l'aide d'un cutter... A plusieurs reprises dans le passé, la maison centrale de Clairveaux dans l'Aube, où les détenus sont condamnés à de longues peines, a été le théâtre d'épisodes violents.

C’est dans cette prison que, mardi, un détenu armé a pris un surveillant en otage qu'il a libéré au bout de cinq heures avant de se rendre. Considéré comme particulièrement dangereux, Francis Dorffer, 25 ans, a été condamné à plusieurs reprises pour viol, violences, homicide volontaire et prise d'otage.

Libérable en 2032, il purgeait à Clairvaux une peine de 10 ans d'emprisonnement pour avoir pris deux heures en otage une psychiatre de la prison de Nancy en novembre 2006 dans le but de dénoncer ses conditions de détention ainsi qu'une peine de 30 ans de réclusion pour homicide volontaire. L’homme avait tué son co-détenu à la prison de Metz en septembre 2003 : après l'avoir frappé, ligoté, bâillonné avec un drap, il l'avait étranglé avec un câble électrique et égorgé avec une fourchette.

"Les maisons centrales, prisons où les détenus sont condamnés à de longues peines, sont des détentions très difficiles, où le risque de graves incidents peut être fatal", a estimé la CGT pénitentiaire qui réclame une "réelle réflexion sur la gestion des longues peines et sur la politique pénale".

"Un certain nombre de détenus, qui sont extrêmement dangereux pour la société française, qui le démontrent au quotidien, nécessitent des établissements adaptés", a renchéri mercredi sur Europe 1 Jean-François Forget. Pour le secrétaire général de l'UFAP/UNSA -Union Fédérale Autonome Pénitentiaire, la centrale de Clairvaux n’est clairement pas adaptée à ce genre de détenus. "Si des décisions ne sont pas prises au plus haut sommet de ce pays : les personnels en arriveront à une nouvelle révolte", a également dénoncé Jean-François Forget.

Construite loin de tout centre urbain dans les années 60, sur la commune de Bayel à l'est du département de l'Aube, la maison centrale de Clairvaux compte 240 places.

Dans le passé, elle avait déjà été le théâtre d'une prise d'otages sanglante. Claude Buffet et Roger Bontems y avaient séquestré un surveillant et une infirmière qui furent retrouvés égorgés le 21 septembre 1971. Ils ont été guillotinés en novembre 1972.

Une mutinerie de quelque 80 détenus avait également éclaté pendant une nuit le 16 avril 2003, avec un gardien pris en otage à l'aide d'un cutter et l'incendie des ateliers.

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