Chirac ne fera pas appel de sa condamnation

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Fabienne Cosnay avec agences , modifié à
L'ex-président a écopé de deux ans de prison avec sursis dans l'affaire des emplois fictifs de Paris.

C’était le premier ex-président de la République à être jugé en correctionnelle. Jacques Chirac restera dans l'histoire comme le premier chef d’Etat condamné par la justice. L'ancien maire de Paris a écopé jeudi de deux ans de prison avec sursis après avoir été déclaré coupable de "détournement de fonds publics" et "abus de confiance" dans le volet de l'affaire des emplois présumés fictifs de la mairie de Paris, quand il était premier élu de la capitale.

Un volet qui porte sur 21 emplois rémunérés par la mairie de Paris au début des années 1990. Mais Jacques Chirac a également été reconnu coupable de "prise illégale d'intérêt" dans le 2e volet de l'affaire, qui avait été instruit à Nanterre. L'ancien président a d'ores et déjà annoncé, par voie de communiqué qu'il "ne fera pas appel" de cette condamnation mais qu'il "conteste catégoriquement le jugement".

L'ancien président a toutefois décidé de ne pas faire appel de cette décision. "Je prends acte du jugement du tribunal de Paris. (...) J'étais le maire. C'est à moi et à moi seul d'assumer, explique-t-il dans un communiqué diffusé jeudi soir. Mais, sur le fond, je conteste catégoriquement ce jugement. Sur près de 470 emplois examinés, il n'en reste, après des années de procédure, que 19 qui me sont imputés et encore partiellement. Surtout, je l'affirme avec honneur : aucune faute ne saurait m'être reprochée." Et d'ajouter: "Pour autant, je ne ferai pas appel." Jacques Chirac explique qu'il na 'plus hélas toutes les forces nécessaires pour mener par (lui)-même, face à de nouveaux juges, le combat pour la vérité."

"Coupable", "condamné" et le nom de Jacques Chirac :

Décision Chirac

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"Jacques Chirac a manqué à l'obligation de probité qui pèse sur les responsables publics, au mépris de l'intérêt public des Parisiens", a déclaré le président de la première chambre du tribunal correctionnel de Paris, Dominique Pauthe. "Sa culpabilité résulte de pratiques pérennes et réitérées qui lui sont personnellement imputables et dont le développement a été grandement favorisé par une parfaite connaissance des rouages de la municipalité (...) ajoute le magistrat.

Par la voix de son avocat, Jacques Chirac a fait savoir en début d'après-midi qu'il accueillait la décision de justice avec "sérénité". A la sortie du tribunal, Anne Dao Traksel, la fille adoptive de Jacques Chirac était, elle, apparue, bouleversée par la condamnation de son père. La décision du tribunal est "trop, trop sévère pour lui", a t-elle estimé.

"C’est une grande douleur qu’on doit accepter" :

Jacques Chirac, 79 ans, risquait en théorie jusqu'à 10 ans de prison et 150.000 euros d'amende. Dans un réquisitoire que certains avaient rapproché d’une plaidoirie de la défense, le parquet avait demandé, le 21 septembre, la relaxe de l'ancien président dans les deux volets de l'affaire : le premier, instruit à Paris, portait sur 21 emplois et l'autre, instruit à Nanterre, sur sept postes. C'est ce dernier dossier qui avait valu à Alain Juppé une condamnation en 2004, en tant qu'ancien adjoint de Jacques Chirac.

Parmi les neuf coprévenus de Jacques Chirac, seul Michel Roussin, ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac, et Pierre Boué, un proche des milieux sportifs, ont été relaxés par le tribunal correctionnel. Les autres prévenus ont, eux, été reconnus coupables. Une dispense de peine a été accordée à l'ex-secrétaire général de FO Marc Blondel, les autres écopant de peines comprises entre deux et quatre mois de prison avec sursis. Le parquet avait demandé la relaxe pour tous.